Il est une ligne qui m’accompagne. Fine et Immuable. Un horizon de mer. Une ligne repère. A portée de regard.
Une chance que l’on saccage ? Une annonce qui sonne le glas ? Un chagrin que l’on déterre ? Un poing si serré que l’on renoncerait ? La ligne d’horizon est là. Immense. Au bout de la mer. Rien ne résiste à sa constance. Un endroit pour plonger son cœur, l’essorer, le peser, le noyer si nécessaire. Un lieu pour laisser flotter ses pensées de plomb. Faire voguer une armée de bateaux de papier. En brûler quelques uns. Canarder les autres. Ne conserver de cette flotte que les plus vaillants et louables.
Et s’il ne suffisait pas de mirer l’horizon, de jouer ces batailles navales imaginaires, il faudrait faire un pas en avant. Se rapprocher, pour se défaire des bassesse terriennes. Choisir un camp marin. Plonger une main, un orteil, la tête. Dédaigner la terre. S’immerger. Et ne ressortir qu’avec de bonnes intentions.
Et si le malheur nous frappait en haut d’une montagne, au milieu d’un bouquet d’immeubles d’acier et de verre, ou face à la ligne d’horizon chaotique d’un champ de fleurs. Trop loin des frissons réconfortant de la belle bleue. Il suffirait de fermer les yeux. Choisir sa plage. Son rocher. Sa lumière. Ses remous. De projeter cette ligne. Fine. Immuable. Poser là un instant son fardeau. Et se promettre de le reprendre au prochain passage à l’eau.
Note : picture ‘jeanmarie.
‘ by .