paris

Balancement

Paris. Le soleil est à pic. Les boutiques ont baissé rideau. La lumière est claire, la pierre des hôtels particuliers du Marais offre son aspect le plus acceuillant et mat. La chaussée du large boulevard est déserte, étrangement calme, rien ne roule. Le pas se fait promenade sous la chaleur estivale. Quelques touristes en chapeau cherchent leur chemin.

Soudain, un cadencement énergique s’impose. Toc. Toc. Toc. Un pas décidé. Un jeune homme. Pantalon noir, chemise blanche au vent. Filiforme, le cou long, il avance. Ses jambes attaquent le bitume, comme au ralenti, avec une puissance inattendue. A ses pieds. Une paire de bottines. Talon haut, bout pointu, des bottines de femme. Il avance, concentré sur sa marche. Il balance une hanche et un talon, attérit en souplesse, remonte une épaule, et rebelotte.

Il marche, la tête dans ses chaussures. Il chaloupe, teste son pas. Plus vite, plus lent, plus ample. Il ralentit devant une devanture, tourne la tête sur le côté avec grâce, s’admire des pieds à la tête, des pieds aux pieds. Ses talons claquent, plus fort encore, lorsqu’il reprend son pas cadencé. Il ajoute quelques balancements, teste cet artifice féminin qui lui va si bien. Soudain, les épaules se libèrent, ses bras se meuvent, enrichissent la danse de sa marche. Quelques passants se figent en le croisant. Sa présence forte dans le sec de l’été, et son mouvement décidé, semblent crier, regardez-moi, je suis moi, je suis elle, je suis celui qui aime marcher de manière libérée.

Il s’éloigne, le pas audacieux, parfaitement rodé et aérien, il semble né pour porter ces chaussures et incarner cette danse des hanches, ces roulements de cul qui sont la propriété des femmes depuis des siècles. Ici, le féminin d’hier l’emporte sur le masculin d’aujourd’hui.

Pic Silent World by Lucie & Simon Memories of a Silent world — Brodbeck & de Barbuat

[Mots] Saint Paul – Concorde

métro_Paris_Regis_Frasseto21h32. Ligne 1. Station Saint Paul. Thomas, Pablo, Cloé, Lola, Fred. Assis en vrac dans une rame de métro. Les uns sur les autres, les uns contre les autres.

Thomas. Dix huit ans. De grands yeux bleus, pétillants. Un visage rond, joyeux. Un piercing sur un sourcil brun. Il sourit. Tout le temps. Il pose sa main sur la cuisse de Pablo. Pablo parle au téléphone avec sa mère, en portugais. Il porte des lunettes à monture épaisse noire, un tee-shirt coloré, tons vert. Il se love contre Thomas. L’embrasse tendrement entre deux phrases. Lola les regarde, amusée, leur tire la langue. Ils vont finir la soirée chez Cloé. Cloé, rouge à lèvre cerise, brune, des tâches de rousseur. Elle habite près de la Cigale. Ils jouent. Se font passer le smartphone de Pablo – sa mère parle encore de l’autre côté.

L’un d’entre eux hurle “Concorde !”. Ils se lèvent dans le désordre, se tiennent la main au hasard et sautent sur le quai. En riant. Encore. Jeunesse dorée. Jeunesse libérée.

[Note : photo ‘Métro de Paris’ de Régis Frasseto http://www.flickr.com/photos/22914687@N05/]

ParisWeb 2012 : Make a beautiful web

As announced in a previous post, last week was the week of the francophone web, with Paris Web 2012 conference. 600 people including 70 speakers gathered in IBM conference center in Paris, orchestrated by a team characterized by a great kindness and smartness. The conference covered so much various topics that it was just like having a walk around the best monuments making the web today. We reviewed the state of the art of the web technology, society impact, usage trends, with a shared worry among speakers to have target speech, avoid bullshit, useless introspection and starring traps.

I am proposing here several posts to share some pieces I have been delighted to listen. Lets start with the design aspects : several speakers shared with the public their vision on how to be a good craftsman of the web, in terms of design.

(more…)

Experiencing #ParisWeb this week !

ParisWeb is one of the great web developer event held in Paris. Based on an amazing team of volunteer, this conference is gathering motivated attendees, 70 speakers (including me) in a collaborative framework. Everyone getting there seems to be ready to participate, share and learn.

The conference is happening this week, from the 18 to 20 of October, with 2 days of conference and one day of workshops. This year the program will cover various themes such as (frenglish list extracted from Paris Web official website) ; ; ; ; ; ; ; ; ; ; ; ; ; ; ; ; ; ; ; ; ; ; ; ; ; ; ; ; ; ; ; ; ; ; ; ; ; ; ; ; ; ; ; ; ; ; ; ; ; ; ; ; ; ; ; ; ; ; ; ; ; ; ; ; ; ; ; ; .

Event is sold out – actually few hours after tickets were made available – but all attendees will definitely return their experience via social media, blogs, press. Live streaming is set up and in addition all material is usually now available on-line after the event, so in a way or in another you’ll get something from ParisWeb [1].

Anyway, if you wanna feel the ParisWeb energy this week, follow #ParisWeb hashtag on Twitter…

 

[1] Program and conference material under http://www.paris-web.fr/2012/conferences/

[Mots] Places de Paris

This text has been written while spending lazy days in Paris. A screenshot of Saint Germain des Prés neighborhood.

Place Maubert. 10h09.

La palette noire est renversée sur le sol. Un liquide gélatineux s’en échappe. Le clignotant se fait jaune, puis orange, puis jaune. La guirlande de sachets en plastique blanc et froissé survole la flaque. Imperturbable.

Rue des Carmes. 10h27.

Le kleenex grisé git dans le caniveau, aux côtés d’un serpentin aplati. Une série de journaux glisse sur le sol. Le papier à cigarette rougeoie. Léger nuage de fumée.

Rue des Ecoles. 10h32.

Hôtel Claude Bernard. Un rire. Plusieurs. Puis rien.

Rue Jean Beauvais. 10h40.

L’homme en chemise blanche converse avec son ordinateur. Sur le mur, un tag, en costume cravate noir s’abrite derrière un masque à gaz. L’homme en gilet orange agite une poubelle derrière un camion coloré. Placardé sur la maison du seigneur, le pope à barbe blanche et robe longue sourit.

Rue des Anglais. 10h42.

Le balai frotte le sol, une feuille séchée file. Le chien passe en remuant la queue, suivi du cabas à roulettes. Tous deux noirs. Une odeur de merde.

Rue Galande. 10h47.

Six tables rondes en inox aveuglent le passant. Le bouddha doré et immense garde l’agence. Une moto à pistons chromés entrave le passage. Le couteau déchire un emballage. Au loin, une pelle gratte le sol.