exhibition

Maillol, Pompom, Toulouse Lautrec.

Musée d’Orsay. Le serpentin des visiteurs sur le parvis grisé par la bruine. Le cordon noir guide la file des étourdis sans ticket. Civilisés et feutrés, par groupes, à 2, ou solo, la patience est de mise. La sécurité,  check, le billet, check,  le vestiaire, check. Et c’est la ruée vers Orsay.

Les allées de sculptures, marbre, albâtre, bronze, plâtre . Des femmes nues et sensuelles, lignes claires et minimalistes. Des diablotins et angelots dansants. Des minautores musclés et combatifs. Les socles s’alignent. Les femmes désuètes et rondes de Maillol, regards baissés vers le sol. L’ours polaire de Pompom leur sourit quand même. 


Hall et coursives. Le public sillonne, s’exclame, chuchote, laissant dans son sillage des pensées intimes, des rêveries, des sarcasmes, des soupirs pour soulager ses jambes.


Puis. Les impressionnants du cinquième.  Monet, Manet, Degas, Sigeac. Mes souvenirs de lumières vibrantes se sont fanés avec cette visite. Les maîtres sont déchus. Sans doute à cause des 10 années à regarder ailleurs vers de nouveaux artistes francs, colorés et sans limites.

Heureusement, tout ne décrépit pas dans ce nouveau siècle , ma sorcière au chat noir et La Goulue de Toulouse Lautrec restent mes œuvres préférées de ce musée magnifique…

Notes

Le savais-tu ? ce coquin de Rodin maîtrisait l’automatisation, avec la réutilisation des plâtres et l’agrandissement des œuvres
https://www.musee-rodin.fr/ressources/processus-de-creation/multiples-fragments-assemblages

En 2015, j’adorais déjà cette galerie des sculptures https://poulpita.com/2015/08/24/grande-galerie-des-sculptures/

André Devambez au Petit Palais

C’est la saison des grands froids, du ciel gris, des grandes avenues vides, et des premières loupiotes de Noël. Paris offre néanmoins au travailleur d’open space le format idéal d’une pause déjeuner culturel. À l’heure où l’hypoglycemie n’atteint pas encore le sens esthétique, direction le Petit Palais. L’exposition de l’illustrateur André Devambez m’attend

Évidemment, le lieu est beau et la déambulation jusqu’à l’exposition au milieu d’oeuvres diverses et variées permet d’oublier que dehors, ensuite, les réunions et cafés sérieux s’enchaineront. Le cocon des 3 salles en sous sol, à peine perturbé par quelques grincements de parquet et les chuchotements des visiteurs, donne tout loisir à sa curiosité. André était un sacré artiste. Lithographie, gravure, peinture, experiementateur de techniques, de formats, mais avant tout illustrateur de son temps (qui n’est pas le nôtre, puisque le monsieur gribouilla une bonne partie du XXÈME siècle).

Que retenir ? Les sens aiguisés, mais l’estomac aux aguets, je suis touchée par les dessins et gravures, aux styles très variés.

Un florilège de ses papiers colorés et crayonnés …

Néanmoins André est un artiste complet. Il manie également le pinceau sur des sujets qui auront moins touchés mon âme affamée.

C’est jusqu’en février 2023 au Petit Palais https://www.petitpalais.paris.fr/expositions/andre-devambez

Arles 2022 – les rencontres de la photographie

L’été se termine. Hooooo, monde cruel ! Mais. Il vous reste un mois pour aller flâner dans les expositions des Rencontres d’Arles. On peut y découvrir 40 propositions artistiques. Pour ma part, j’ai flâné 11 heures, déambulation solitaire, j’ai écopé de 63 piqûres de moustique dans les endroits les plus incongrus, j’ai ressenti de l’émotion par paquet, j’ai siroté des Perriers massivement en terrasse pour m’en remettre. A Arles, il y a du beau, du cérébral, du touchant, des surprises. Je vous partage mes expositions favorites, en version courte. Chacune a permis d’entrer dans un monde complet, sensible, de faire un pas vers l’artiste et son altérité. Bonne visite.

Romain Urhausen – Espace Van Ghogh

Alors, c’est le coup de coeur. Romain Urhausen capture le vivant, en noir et blanc, il attrape avec humanité les rues, les gens, les travailleurs des halles ou des usines. Il expérimente la distorsion des photos, il travaille avec talent le nu. Une photo, et c’est une histoire dans ma tête, avec une esthétique familière et généreuse. C’est chaque photo qu’il faudrait mettre en avant, j’ai réussi à sélectionner celles qui m’ont laissée bouche bée.

Franck Horvat (Corps à corps) – Librairie Acte Sud

Une petite exposition en sous-sol de la célèbre librairie, dans une ambiance intimiste. Ici encore, du noir et blanc, des couples en corps à corps, des hommes et des femmes abandonnés à la danse, au spectacle. Seuls ou ensemble, mais avec une présence au monde intense. On a envie de faire un câlin aux inconnu-e-s.

Klavdij Sluban (Sneg) – Croisières

Une série de tirages au grain magnifique sur le thème de la neige. Des lignes franches, de la fraîcheur, une série de délicatesse, où le spectateur devine la glace, la tempête de neige, la poudre, le verglas. Un jeu de piste subtile, suspendu dans le temps.

Une avant-garde féministe – Photographies et performances des années 70 – Mécanique Génerale

C’est The Expo. Celle qui retrace les luttes féministes des années 70. Les médias masculins disent bof, les media féministes s’entousiasment. Pour ma part, elle m’est apparue cruciale, puisque on y trouve les thèmes tellement d’actualité sur l’identité et le rôle des femmes, l’oppression, la sexualité et le porno, l’injonction esthétique, la frontière des genres. Chaque oeuvre prête à rire ou s’attrister. Et 50 ans plus tard, certes, on ne porte plus de pantalons patdeph, mais les sujets abordés restent tellement d’actualité. L’inventivité, l’humour, et la violence palpables dans les propositions ne laisseront aucun indifférent.

Chant du Ciel – Monoprix

Une exposition de notre temps, si j’ose dire. Le cloud, les nuages, dans le ciel, en vrai, ou artificiels. L’exposition regroupe différentes propositions allant du cyanotype au image recomposée par intelligence artificielle, en passant par la vente aux enchères de nuages, ou la question de l’invisibilisation du prix des technologies pour notre planète. Une série d’expérience ou de proposition, qui font cogiter.

Dress Code – Fondation Manuel Rivera-Ortiz

Un lieu de bric et de broc, où l’on emprunte des escaliers minuscules pour tomber sur des propositions diverses, joyeuses ou sérieuses, on y fait le tour de monde en moins d’une heure. Florilège pour vous donner envie d’y flâner.

Babette Mangolite – Eglise Sainte Anne

Un espace majestueux, haut et clair pour rassembler les photographies documents de Babette Mangolite qui a suivi de près et avec passion les premiers pas de la danse contemporaine. Deconstruire l’esthétique classique, organiser des happening dans la rue. Les photos nous font à peine toucher des yeux la révolution qui était en marche à cette époque. Les corps ont des positions étranges, dans des situations incongrues, où la peformance physique a moins de place que la liberté des corps.

Cette édition des Rencontres de la Photographie 2022 aura offert à mon âme de l’émotion, beaucoup, mille raisons de m’interroger, sur notre monde, en balayant les questions de l’équilibre esthétique, les ressources limitées de notre planète, les violences faites aux hommes et femmes, la beauté de la nature ou d’un regard. L’ambiance calme et tranquille des lieux d’expositions laissent une place à la reflexion, sans spectacle, ni flonflons.

Revolution graphique @ La Friche La Belle de Mai

revolution graphica resized

La Friche La Belle de Mai accueille une exposition aux influences populaires mexicaines. Trop d’artistes pour être cités, mais je partage ici quelques trésors. Du noir et blanc, de la lithographie, des masques traditionnels ou moins classiques. A voir. Pour l’agitation et la créativité graphique.

This slideshow requires JavaScript.

Il y a également en ce moment une exposition sur Empathie et Travail que je vous recommande…

Moebius @ Toulon

Var. Toulon. Hôtel départemental des arts. Moebius. Celui-là même.

Les lecteurs de Moebius apprécieront, le cœur battant. Les autres découvriront un artiste aux talents multiples. Moebius, Giraud. Western, science fiction. Huit salles splendides. Des personnages en quête de sens. Trimballés dans des mondes. En noir et blanc ou en aquarelles vives. Les salles au parquet craquant, presque vides. Regarder les planches. Lire. Ou juste laisser son regard danser.

This slideshow requires JavaScript.

 

Moebius a cette force de présenter le vide ou la cohue. D’alterner les temps bouillonnants et les minutes d’apaisement. Il nous aspire dans ses mondes. Et nous y colle par les détails ou la sérénité qui s’en dégage. L’exposition est magnifique.

caracters small

 

This slideshow requires JavaScript.

Arles, encore et toujours…

Impression

Arles, la belle. Arles qui accueille fidèlement les rencontres de la photographie, deux mois durant, depuis des années. Après le passage de touristes juillettiste ou aoûtistes, éduqués, les expositions restent, silencieuses. On les savoure d’autant mieux. Ici, ma sélection coup de cœur, les clichés, artistes ou ambiance qui m’ont faite chavirer.

Je reste gorge nouée devant Fusake. Son approche, son cadre, son jeu, son obsession de Yoko, diabolique, les corbeaux, sa séries de 6+1. «L’incurable égoïste» est sa première rétrospective en Europe, et je suis ravie de pouvoir en profiter.

 

Dans l’espace Chiringuito. L’ambiance, transat et tapas. Musique joyeuse ôh latina. Et plusieurs expositions. Tout d’abord. Toutes proportions gardées. Hommes et femmes hors normes, trop grand, trop petite, trop lourd, sujet de foire, ou juste légendes. L’exposition “Toutes proportions gardées” passe en revue les mille et une façons d’user et d’abuser de la figure des monstres (au passage, on notera qu’on a enfin trouvé l’homme canon, les filles, ha, ha). Un petit écho à l’exposition Mauvais Genre des rencontres de l ‘année dernière.

This slideshow requires JavaScript.

 

Et la Colombie. On en parle ? Au même endroit, pas loin des monstres, on est plongé dans une atmosphère Colombienne des années 80. Photos géantes, collées au mur, catcheurs, tueurs à gage, femme fatale, je reste séduite par la mise en image des souvenirs de l’exposition “La vache et l’orchidée, photographie vernaculaire colombienne”, plus vivants que nature.

On passe chez Jean Dubuffet. Que l’on voit travailler dans son atelier. Mille photos de ses motifs, fonds, étiquetés précisément, “festin de rocher”. L’exposition ne se raconte pas, puisque on est à la fois avec le maître, avec ses admirateurs, devant ses œuvres, et ses archives photographiques.

Puis vient l’exposition-enquête de David Fathi. Ce photographe met en scène la façon dont Henrietta Lacks, femme afro-américaine, dont des cellules furent prises à son insu à l’occasion de son passage (et de son décès) à l’hôpital pour une tumeur cancéreuse. Ces cellules furent à la base de nombre d’expérience scientifiques, exploitées, reproduites, sans que jamais cette femme (ou sa famille) ne soit impliquée, remerciée, informée.

 

Davis Fathi 1

Arles, c’est aussi une ambiance. Les promeneurs qui chuchotent dans les rues sinueuses, la terrasse du café déserte, le premier frisson de l’automne, les murs bavards.

This slideshow requires JavaScript.

Les expositions terminent le 24 Septembre. Courez-y ! https://www.rencontres-arles.com/

 

Note : mes autres billets d’expo diverses et variées, de Paris à Marseille, en passant par Boston…

 

Sisley à l’Hôtel de Caumont

20170611_170030(1)

Aix en Provence. L’hôtel de Caumont. Centre d’Art. Extérieur bleu, trente et un degrès. Intérieur frais, tomette cirée. L’Hotel de Caumont, centre d’art fait parler de lui depuis l’expo Marilyn – fantastique disait-on. Depuis samedi dernier, c’est Sisley qui s’invite dans les salles des étages hauts de cette bâtisse, robuste et finement restaurée. Visite guidée.

Tout d’abord, les étranges formes et lumières.

Viennent ensuite, de bien charmants lustres.

 

Enfin, le jardin. Fleur et forme. Le bar à l’ombre. Havre délicieux.

 

Et Sisley ? On aurait presque oublié Sisley. Impressionniste. Travailleur. Du champs, du bord de Seine et de la ville. Sa peinture tarde à vibrer. Mais il fallait trouver son style.

On peut lui rendre visite jusqu’en Octobre.

En savoir plus : Hotel de Caumont, http://www.caumont-centredart.com/

Couleurs et reliefs chez Sangie

atelier13_small

Il me tentait depuis des semaines cet Atelier 13. L’atelier paumé dans la périphérie de La Ciotat. Mi-hangar et laboratoire secret, où paraît-t-il, il se passe des choses… Et puis vendredi, je suis passée. Je voulais découvrir l’univers de Sangie. Pour un vernissage.

L’Atelier  13. On franchit la marche de béton, et on trouve un intérieur indus. Canapé, statues, tables disparates. Au fond, un bar, et le propriétaire des lieux qui vous traite comme l’amie d’un ami. Les habitués alignés sur les tabourets. Des jeunes, des vieux, des tranquilles.

sangie

Sangie, peintre-femme, douce et forte. “Je me suis brisée. Je suis repartie. Plus rien ne se mettra entre le bonheur et moi. La passion me porte !”. Sangie travaille la matière, les émotions, et tout cela finit en abstraction. Nuances de reliefs, mélange intime de couleurs, aux détails travaillés. Sangie nous accompagne dans la découverte de ses œuvres en prenant soin d’accoler une phrase poétique, une pensée. Et on saisit mieux encore sa proposition. Ici, l’élection de Trump, là, une douceur qui manquait, celui-là, une vue de New York…

Voici quelques pixels volés, pour partager avec vous un aspect de son travail qui m’intéressait particulièrement : la matière et la danse des couleurs.

Son travail se découvre par ailleurs sur son site, . Merci Sangie pour l’invitation, l’énergie, le partage et les rencontres !

Café in MUCEM – Marseille

Le MUCEM (Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée) est un de mes plus beaux endroits du monde. L’architecture est forte, la vue sur la mer affolante, et le lieu toujours bondé de marseillais curieux et rieurs. Le MUCEM propose ces jours-ci une exposition sur le café.

mucem_cafe_in

La proposition est hétéroclite. Peinture, dessin, document géopolitique, carte, planche scientifique, poème, texte littéraire, discour d’expert-e. On apprend des tas de choses.On prend le sujet du café, on le tourne dans tous les sens, on l’agite, si bien que l’on meurt d’envie dès le milieu de l’expo de s’asseoir et déguster un café corsé, seule, ou en tribu, ou avec un amoureux. On choisirait une échoppe vénitienne, parisienne ou marocaine.

Mais il faudra attendre. Attendre d’avoir appris que le Yémen a tenu pendant 10 siècles le monopole de la production de café. Attendre d’avoir réalisé que le café a bouleversé les religions, apparaissant comme une innovation, dont il fallait statuer la vertu ou le vice. Attendre de regarder pousser le café. #Le-saviez-tu ? Le café est un fruit, qui ressemble à une cerise. On lui retire sa pellicule, et on trouve une graine, verte, il est ensuite torréfié (et non brûlé) pour développer sa saveur. Le café est une petite chose fragile qui doit être traitée correctement. Pour en savoir plus, vous pourrez toujours discuter avec un véritable barrista. Car tout barrista que se respecte connaît sur le bout des doigts les différentes sortes de café du monde, et sait préparer son café pour en extraire exactement 21% de la matière initiale.

_20161030_221830

On apprend aussi à Café In MUCEM que la café a débarqué à Marseille en 1644. Et  que le premier débit ouvre en 1671, près du palais de la bourse, et puis les établissements se multiplient. Souvent il y a de la résistance. Mais voilà, aujourd’hui nous avons tous notre troquet préféré, qui nous est cher, pour l’arôme de son café, pour sa clientèle ou son patron…

_20161030_221745

On croise dans cette expo du beau monde. Brassaï, Picasso, Cartier Bresson, Sartre, Doisneau, évidemment, les intellos, tous au café parisien. Yves Simon nous parle aussi avec grande sincérité de ce qu’il a trouvé et ne cherche plus dans les bistrots, avec nuances. On tombe sur Coffee and Cigarettes de Jim Jarmush, ça donne envie de reprendre la clope.

 

Bref. La café, la plante. Le café, enjeu commercial. Le café, lieu politique et social. Le café, art de vivre. Vite, vite, on court retrouver une tasse fumante et serrée.

Miroir du désir et estampes japonaises

miroiressai2_affiche

Le musée Guimet des arts asiatiques est un bijou, on le sait. L’exposition présentée dans sa Rotonde, en est une nouvelle illustration. Il s’agit de raconter le désir et les choses de l’amour, à travers une grande série d’estampes japonaises de la période Edo (entre 1600 et 1868), représentant la femme.

Dans cette Rotonde, au parquet qui craque, le visiteur passe de vitrine en vitrine, apprend bien des choses sur les femmes grâce à ces estampes, pièce unique, séries, paravent ou triptyques. A pas de galant, on peut ainsi se pencher sur l’entre soi des femmes, en reluquant quelques scènes de banquets ou tranquille féminité dans les parcs. On s’ébahit devant les pêcheuses Ama, à moitié nue. On se régale de quelques scènes sur l’oreiller où le plaisir ne se cache pas. On comprend enfin l’usage des petits étoffes ou mouchoirs sur les estampes érotiques (au choix, étouffer les soupirs des amantes, ou toiletter leurs cuisses). On balance entre les amours légitimes, interdites derrière un paravent ou un filet de pêche ou les amours rémunérées. Des estampes inspirées des célèbres quartiers des prostitués, on apprend que certaines de ces dames étaient philosophes et artistes. Enfin, les scènes de bains ne manquent pas d’intime, de beauté, puisque ici les corps sont les nus et propres, prêts à savourer un bain.

miroir

L’ensemble de ces estampes regorge de délicatesse, la représentation des hommes et des femmes laisse songeur. Quelques traits, de la couleur, de la transparence, de la légèreté. L’estampe est ici à l’honneur, un art à part entière, avec ses codes et ses merveilles.

Cette exposition Miroir du désir – Images de femmes dans l’estampe japonaise” est coquine et charmante, elle mérite le détour. Vous avez jusqu’au 10 octobre pour y faire un tour, et découvrir ces estampes japonaises de grands artistes.