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Arles 2022 – les rencontres de la photographie

L’été se termine. Hooooo, monde cruel ! Mais. Il vous reste un mois pour aller flâner dans les expositions des Rencontres d’Arles. On peut y découvrir 40 propositions artistiques. Pour ma part, j’ai flâné 11 heures, déambulation solitaire, j’ai écopé de 63 piqûres de moustique dans les endroits les plus incongrus, j’ai ressenti de l’émotion par paquet, j’ai siroté des Perriers massivement en terrasse pour m’en remettre. A Arles, il y a du beau, du cérébral, du touchant, des surprises. Je vous partage mes expositions favorites, en version courte. Chacune a permis d’entrer dans un monde complet, sensible, de faire un pas vers l’artiste et son altérité. Bonne visite.

Romain Urhausen – Espace Van Ghogh

Alors, c’est le coup de coeur. Romain Urhausen capture le vivant, en noir et blanc, il attrape avec humanité les rues, les gens, les travailleurs des halles ou des usines. Il expérimente la distorsion des photos, il travaille avec talent le nu. Une photo, et c’est une histoire dans ma tête, avec une esthétique familière et généreuse. C’est chaque photo qu’il faudrait mettre en avant, j’ai réussi à sélectionner celles qui m’ont laissée bouche bée.

Franck Horvat (Corps à corps) – Librairie Acte Sud

Une petite exposition en sous-sol de la célèbre librairie, dans une ambiance intimiste. Ici encore, du noir et blanc, des couples en corps à corps, des hommes et des femmes abandonnés à la danse, au spectacle. Seuls ou ensemble, mais avec une présence au monde intense. On a envie de faire un câlin aux inconnu-e-s.

Klavdij Sluban (Sneg) – Croisières

Une série de tirages au grain magnifique sur le thème de la neige. Des lignes franches, de la fraîcheur, une série de délicatesse, où le spectateur devine la glace, la tempête de neige, la poudre, le verglas. Un jeu de piste subtile, suspendu dans le temps.

Une avant-garde féministe – Photographies et performances des années 70 – Mécanique Génerale

C’est The Expo. Celle qui retrace les luttes féministes des années 70. Les médias masculins disent bof, les media féministes s’entousiasment. Pour ma part, elle m’est apparue cruciale, puisque on y trouve les thèmes tellement d’actualité sur l’identité et le rôle des femmes, l’oppression, la sexualité et le porno, l’injonction esthétique, la frontière des genres. Chaque oeuvre prête à rire ou s’attrister. Et 50 ans plus tard, certes, on ne porte plus de pantalons patdeph, mais les sujets abordés restent tellement d’actualité. L’inventivité, l’humour, et la violence palpables dans les propositions ne laisseront aucun indifférent.

Chant du Ciel – Monoprix

Une exposition de notre temps, si j’ose dire. Le cloud, les nuages, dans le ciel, en vrai, ou artificiels. L’exposition regroupe différentes propositions allant du cyanotype au image recomposée par intelligence artificielle, en passant par la vente aux enchères de nuages, ou la question de l’invisibilisation du prix des technologies pour notre planète. Une série d’expérience ou de proposition, qui font cogiter.

Dress Code – Fondation Manuel Rivera-Ortiz

Un lieu de bric et de broc, où l’on emprunte des escaliers minuscules pour tomber sur des propositions diverses, joyeuses ou sérieuses, on y fait le tour de monde en moins d’une heure. Florilège pour vous donner envie d’y flâner.

Babette Mangolite – Eglise Sainte Anne

Un espace majestueux, haut et clair pour rassembler les photographies documents de Babette Mangolite qui a suivi de près et avec passion les premiers pas de la danse contemporaine. Deconstruire l’esthétique classique, organiser des happening dans la rue. Les photos nous font à peine toucher des yeux la révolution qui était en marche à cette époque. Les corps ont des positions étranges, dans des situations incongrues, où la peformance physique a moins de place que la liberté des corps.

Cette édition des Rencontres de la Photographie 2022 aura offert à mon âme de l’émotion, beaucoup, mille raisons de m’interroger, sur notre monde, en balayant les questions de l’équilibre esthétique, les ressources limitées de notre planète, les violences faites aux hommes et femmes, la beauté de la nature ou d’un regard. L’ambiance calme et tranquille des lieux d’expositions laissent une place à la reflexion, sans spectacle, ni flonflons.

Marseille J1, du bleu et le monde

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Marseille. J1. Le hangar. Entre les terrasses du port et le MUCEM, à 10 mètres du départ pour l’Algérie. A 20 mètres au-dessus du quai. Le J1 est à prendre. En attendant, le J1 accueille les expos photo de Arles.

Huit expos retenues pour l’hiver. Dispersées dans ce hangar immense, aux fenêtres salées. On dévore tout des yeux. Les photos, esthétiques, féministes, dansantes, ou gifles du monde, des horreurs de la guerre aux innodations. Semences et graines de réflexions. Dedans comme dehors. De la profondeur, de la hauteur.

Dehors. La vue sur les 3 grues de la digue, la Major, le MUCEM, le Frioul, le port, les paquebots. Le front collé à la vitre. Les yeux dans le bleu.

 

More ? voir mes expositions préférées de Arles 2017, Arles 2016 ou Arles 2015

Arles, encore et toujours…

Impression

Arles, la belle. Arles qui accueille fidèlement les rencontres de la photographie, deux mois durant, depuis des années. Après le passage de touristes juillettiste ou aoûtistes, éduqués, les expositions restent, silencieuses. On les savoure d’autant mieux. Ici, ma sélection coup de cœur, les clichés, artistes ou ambiance qui m’ont faite chavirer.

Je reste gorge nouée devant Fusake. Son approche, son cadre, son jeu, son obsession de Yoko, diabolique, les corbeaux, sa séries de 6+1. «L’incurable égoïste» est sa première rétrospective en Europe, et je suis ravie de pouvoir en profiter.

 

Dans l’espace Chiringuito. L’ambiance, transat et tapas. Musique joyeuse ôh latina. Et plusieurs expositions. Tout d’abord. Toutes proportions gardées. Hommes et femmes hors normes, trop grand, trop petite, trop lourd, sujet de foire, ou juste légendes. L’exposition “Toutes proportions gardées” passe en revue les mille et une façons d’user et d’abuser de la figure des monstres (au passage, on notera qu’on a enfin trouvé l’homme canon, les filles, ha, ha). Un petit écho à l’exposition Mauvais Genre des rencontres de l ‘année dernière.

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Et la Colombie. On en parle ? Au même endroit, pas loin des monstres, on est plongé dans une atmosphère Colombienne des années 80. Photos géantes, collées au mur, catcheurs, tueurs à gage, femme fatale, je reste séduite par la mise en image des souvenirs de l’exposition “La vache et l’orchidée, photographie vernaculaire colombienne”, plus vivants que nature.

On passe chez Jean Dubuffet. Que l’on voit travailler dans son atelier. Mille photos de ses motifs, fonds, étiquetés précisément, “festin de rocher”. L’exposition ne se raconte pas, puisque on est à la fois avec le maître, avec ses admirateurs, devant ses œuvres, et ses archives photographiques.

Puis vient l’exposition-enquête de David Fathi. Ce photographe met en scène la façon dont Henrietta Lacks, femme afro-américaine, dont des cellules furent prises à son insu à l’occasion de son passage (et de son décès) à l’hôpital pour une tumeur cancéreuse. Ces cellules furent à la base de nombre d’expérience scientifiques, exploitées, reproduites, sans que jamais cette femme (ou sa famille) ne soit impliquée, remerciée, informée.

 

Davis Fathi 1

Arles, c’est aussi une ambiance. Les promeneurs qui chuchotent dans les rues sinueuses, la terrasse du café déserte, le premier frisson de l’automne, les murs bavards.

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Les expositions terminent le 24 Septembre. Courez-y ! https://www.rencontres-arles.com/

 

Note : mes autres billets d’expo diverses et variées, de Paris à Marseille, en passant par Boston…

 

Urban Style au Studio de la Plage !

Cette semaine, je dégustais quelques verres de blanc au vernissage de l’exposition de photographie Urban Style au Studio de la Plage, à Marseille. Certes, cette exposition Urban Style a pour but de vendre des œuvres artistiques remarquables, mais c’est également le résultat de merveilleuses rencontres humaines, l’intersection de vies remarquables. Huit artistes, trois amoureux des arts – dont mon amie Marie Laure Bardy – et deux frères, les Delleuse.

artistes

A ce vernissage, on croisait des gens venus de tous horizons, de la bourgeoisie marseillaise, des jeunes étudiants, des artistes comme Monsieur Garcin. Tous heureux d’être là – les sourires ne trompaient pas du côté du bar, où je me suis égarée à servir quelques “petits” blancs.

Finalement. Les œuvres présentées invitaient au commentaire, à l’échange, à l’évocation des souvenirs. Le bon vieux temps, ou les temps nouveaux.  Je livre ici mes coups de cœur.
Pierre Jean Amar. Le Vallon des Auffes, vu de la corniche, il y a bien longtemps. Conquise par la structure de la photo : méli mélo d’immeubles, de bateaux, de voitures,  de maisonnettes, avec le débutant “Chez Jeannot”. Du même auteur, on notera les escaliers de Notre Dame de la Garde. Labyrinthe. Plongeant sur les barres d’immeubles , barrettes interminables. auffes

Hannibal Renberg. Que dire. Minimalisme du cadre. Personnages centraux. Ses photos obligent un investissement, viennent directement questionner nos fantasmes et nos peurs. A qui parles-tu. À quoi penses-tu? Sommes-nous en lignes ou désaxés.  Je n’oublierai jamais Le baiser de la Dame en Noir et cet enfant qui semble prédir un avenir à un couple enlacé “Elle ne n’oubliera jamais, elle ne partira jamais”. On croise les doigts pour que la prophétie se réalise… Le travail d’Hannibal est en ligne par ici : https://www.instagram.com/leoleoparis/.

Bernard de Tournade.  Le Festival de cannes. Les mamies sous la pluie, la tête couverte, qui d’un parapluie, qui d’un chapeau plastique. Défilé de vieilles dames sous l’affiche du monument oublié de Gérard Lauzier “La tête dans le sac”. Sur l’affiche, une femme presque nue baisse sa culotte. La nudité contre les corps protégés.

la tête dans le sac

Olivier Dumonteil. Autre coup de cœur. Silhouette noires derrière la vitre, gouttes de pluie. Un bijoux (encore mieux dans l’expo, sans les reflets).

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Laurence Brazil.  Le thème du quartier du Panier, le MUCEM et jeux de pluie. Comment a-t-on pu louper le “musée des civilisations” et le défilé des visiteurs si divers sur la célèbre passerelle…

civilisations

Patrick Andruet. Il livre un travail de mise en valeur de photo. Moi j’ai préféré la vue de Marseille depuis l’anse du Pharo. Venise à Marseille. venise

L’exposition vous accueille jusqu’au 13 Mai, dans ce magnifique lieu du Studio de la Plage, entre l’espace Borely et le Red Lion de la Pointe Rouge. Vous pourrez visiter ce lieu magique et vous offrir une œuvre – les prix sont abordables. Plus d’information ici

[photo] Les Rencontres de la Photographie d’Arles : from duck to Vegas

Les Rencontres de la Photographie d’Arles, ce sont 50 expositions réparties dans la ville pendant l’été, du 6 Juillet au 20 Septembre. Ce sont 50 façons de mettre en lumière un talent particulier, avec des styles aussi variées qu’il y a de photographes. Ma sélection sur le site si particulier des Ateliers :

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Duck, Une Théorie de l’Évolution. Ici du drôle, du fin. Olivier Cablat balaye les possibles mises en scène d’animaux ou objets géants. Il imagine leur évolution possible, à partir de constructions réelles ou de morphisme. Il crée des ponts entre les canards, les requins, repense la téléportation de l’œuvre principale (un canard géant). De la buvette au château d’eau, on y croise beaucoup de constructions vraies et drôles. le projet est aussi commenté par .

Affaires Privées. Vous rêvez de connaître l’histoire des objets insolites vendus sur le Bon Coin ? Thierry Bouet vous raconte, image à l’appui. Du yacht au bottes d’équitation sur mesure en passant par le cercueil. On saura tout. Un délice d’humanité. Une interview ici pour en savoir plus, sinon son book est par .

Le Tourisme de la Désolation. Florilège de ce que les tour operators proposent sur les lieux de désastre, catastrophe, guerre, extermination. Liban, Oradour sur Glane, Tchernobyl, les camps, JFK, le Sichuan en Chine… Multiple selfie, photos souvenirs, snack bar à la sortie, on s’assoit dans les cellules de prison, on mêle ses graffitis à ceux des prisonniers. I was here. Ambroise Tézenas nous demande : “Vous qui regardez ces photos en vacances, de ces gens qui regardent ces lieux de désolation, que ressentez-vous ?”. pour en savoir plus sur le photographe, c’est ici.

Las Vegas Studio. Une série de prises de vue de Las Vegas et de son ambiance Casino. ici tout n’est que lumière, ampoules, éclairage savant nocturne, voitures, asphalte. On y retrouve le bruit du projecteur qui change une diapo, un film sur les vagues de lumière des casinos, globe lumineux, vague, clignotant, marée de rouge, jaune et grésillement de lampes.

– Nul Jour de Pauline Fargue. Une artiste qui ouvre ses carnets, couverts de mots, de photographies diverses, créant d’improbable rencontre. Intime. Sensible. On témoigne de ces instants suspendus, passés avec des hommes, des femmes, des enfants, des reflexions, sont on ne connait ni le passé, ni le futur. Pour les amateurs de carnet intime et de shoot – dont je suis.

– A Guide to the Flora and Fauna of the World de Robert Zhao Renhui. Le bestiaire des fleurs et animaux, réels, transformés par l’action des hommes. Animaux résultant d’expérimentation, victime de pollution, on y croise des poissons arc en ciel, des abeilles à l’estomac rouge, des faucons devenus nocturne, …

Bonne visite !

Note : deux posts sur les Rencontres de la Photographie des années précédentes Deux photographes en noir et blanc(2013) et Magnifique Koudelka (2012).

[Photo] Deux photographes, en noir et blanc

Cette année les Rencontres de la Photographie d’Arles se déroulaient sur le thème ‘Arles in Black’. Évidemment, le noir et blanc est une technique qui impose un cadre particulier. Elle facilite la mise en relief, le contraste, crée une nostalgie, mais force la mise en scène. Voici deux photographes qui retiennent mon attention, parce que leur proposition présente deux qualités essentielles à mes yeux : le sens et l’esthétique. (more…)

[Photo] Magnifique Koudelka

 This post is encouraging anyone staying around Arles (France) to enjoy photography exhibition of Koudelka related to gypsies, in “Les Rencontres Photographie Arles”.

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    Arles,tranquille petite ville du sud de la France, réveillée chaque année par les rencontres photographies [1]. Arles, quelques minutes volées de bonheur, face à l’objectif de Koudelka.

Église Sainte Anne, une volée de marches et l’œuvre de Koudelka vous accueille. Koudelka Josef, tchèque de naissance (mais depuis citoyen du monde), a photographié les gitans de Slovaquie Orientale dans les années soixante dix. Une centaine de clichés nous sont présentés à l’occasion de la ré-édition d’un de ses livres [2]. L’occasion de soumettre aux yeux novices ce génie de la photographie. Les gitans. Un sujet mêlant romantisme et question de société. Koudelka est ici sous leur toit, dans leur vie, et leur demande de poser pour nous restituer des clichés beaux et émouvants en noir et blanc. Alors, oui, il y a les violons, les deuils, la pauvreté, les tapis rapiécés, les familles nombreuses, la pauvreté crasse, les chevaux, l’air bravache des hommes-enfants, les vieilles dames ridées.

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