mots

a song (#2)

Let’s meet at the bar, or let’s meet in the dark.

Will there be wine, will you be mine ?

Will i be kind, will you be fine ?

Questions. That is all, I have to offer.

Doubts. That is all, i see, ever.

Will you paint words, will you write odes ?

Will there be sparks, to enlight our path ?

Will you get me, the very good me

Will i see you, the best part of you ?

Questions. Those ones, I have to answer.

Doubts. That I know, I have to tame.

Where will we go, to feed my ego ?

What will you find, to surprise me all time ?

Will you get bored, by the princess of owl ?

Will I resist, even if you insist ?

Questions. That is all, I have to offer.

Doubts. That is all, you’ll get, ever.

A song (#1)

Light
Over the dark

Memories
In the sky


Snow
Inside our eyes


Wave
In my heart


I have not forgotten
I will not forget you

Smile
Over the flowers


Your arms
For few hours


Last
Dose of water


Breath
I felt older

I have not forgotten
I will not forget you

Maillol, Pompom, Toulouse Lautrec.

Musée d’Orsay. Le serpentin des visiteurs sur le parvis grisé par la bruine. Le cordon noir guide la file des étourdis sans ticket. Civilisés et feutrés, par groupes, à 2, ou solo, la patience est de mise. La sécurité,  check, le billet, check,  le vestiaire, check. Et c’est la ruée vers Orsay.

Les allées de sculptures, marbre, albâtre, bronze, plâtre . Des femmes nues et sensuelles, lignes claires et minimalistes. Des diablotins et angelots dansants. Des minautores musclés et combatifs. Les socles s’alignent. Les femmes désuètes et rondes de Maillol, regards baissés vers le sol. L’ours polaire de Pompom leur sourit quand même. 


Hall et coursives. Le public sillonne, s’exclame, chuchote, laissant dans son sillage des pensées intimes, des rêveries, des sarcasmes, des soupirs pour soulager ses jambes.


Puis. Les impressionnants du cinquième.  Monet, Manet, Degas, Sigeac. Mes souvenirs de lumières vibrantes se sont fanés avec cette visite. Les maîtres sont déchus. Sans doute à cause des 10 années à regarder ailleurs vers de nouveaux artistes francs, colorés et sans limites.

Heureusement, tout ne décrépit pas dans ce nouveau siècle , ma sorcière au chat noir et La Goulue de Toulouse Lautrec restent mes œuvres préférées de ce musée magnifique…

Notes

Le savais-tu ? ce coquin de Rodin maîtrisait l’automatisation, avec la réutilisation des plâtres et l’agrandissement des œuvres
https://www.musee-rodin.fr/ressources/processus-de-creation/multiples-fragments-assemblages

En 2015, j’adorais déjà cette galerie des sculptures https://poulpita.com/2015/08/24/grande-galerie-des-sculptures/

Viens, on va aux manèges

Passer les barrières, faire corps avec la foule. La fête. Les forains. Et nous.

Les paquets de familles, d’adolescents, de parents abandonnés se frottent, se glissent, se substituent, glissent dans un courant aléatoire. Pardon. Pardon. Volte-face. On avance à pas de prisonnier. On trouve un raccourci sous une épaule, on file à droite derrière le palais des glaces, d’où s’élèvent des cris angoissants. Les lumières argentées se transforment en champignons hallucinés. On se croirait à un concert d’ABBA en 1979. Gimme, gimme, gimme, a man after midnight … Est-ce que je chantonne ? Non. C’est l’un des 10 morceaux de musique qui fond sur moi depuis l’îlot des vendeurs de pacotille et de tickets gagnants.

Le sol en alu, claque sous les pieds pressés de tenter leur chance. Tac. Tac. La population se répartit par talent. Les grutiers d’iPhone, les boxeurs à poings nus, les tireurs de ballons tristes et enfermés, les pêcheurs de canards conciliants, les tamponneurs de voiture. Ca s’enthousiasme, ça court vers un monde où les cadeaux tombent du ciel. Avec un peu de chance. Las. Les vitrines blindées de lots résistent à la convoitise du plus grand nombre.

Et ces odeurs. A 50 mètres. Les churros dorés. Haut le cœur. Crêpe au chocolat fumante. Chaud sur les épaules. Hot-dog moutarde acide. Salive dans la bouche. Pop corn sucré. Maux de tête. Instantanément, on se souvient, si on a faim ou pas. Si ce sera du salé ou du sucré. Sirènes de départ. Les forains nous appellent. Attention, mesdamezémessieurs, c’est parti, c’est parti, on s’accroche, on lève les mains. Nous mangerons après les manèges. Il est urgent de s’élever dans les airs, dépasser notre expérience de promenade de poussins en ferme intensive.

Bras en l’air les passagers hurlent, secoués comme des grappes de raisin, centrifugés comme des oranges, satellisés comme des bananes (ben quoi ?). Portés par des moulins à vent mécaniques. Le bruit des pistons ne rassure ni les marionnettes en l’air, ni les allumettes au sol. Les cousines se filment, les grands-pères patientent avec les nouveaux-nés dans les bras, sous les néons clignotants. Jamaica dream. Evil looping. Pirate ship. Les mère modèrent les exigences. Encore. Un dernier. Celui-ci. Doigts pointés vers le ciel. Les grande sœurs se moquent des petites, joues inondées de larmes qui viennent de découvrir la pesanteur. Eclats de rire, cheveux emmêlés, effusion sont de mise. Roller Coaster à tous les étages.

Voilà. La traversée se termine. Avec un paquet de churros froid dans les mains. Les doigts gras et sucrés pressent la clé de la voiture. Le bruit des forains résonne encore longtemps sur le parking silencieux. On reviendra l’année prochaine. Ou pas.

Picture. Foire du Trône. Robert Doisneau

Je marche

Les pavés clairs, hérissés de lame de pelouse. Les façades médiévales décorées de plantes grasses. Les volets fermés.

Pas à pas, je grimpe le chemin des découvertes. Je marche. Pieds nus puisque j’ai égaré mes chaussures dans un mauvais rêve.

Pied gauche. Un cailloux brillant sous la plante. Pied droit. Une fleur sauvage entre les orteils.

La route est aussi longue que l’on voudra. Le village tourne en rond. Où que court mon regard, il trouvera une étoile à faire briller.

Wake up

Nuit noire.

La ouate du rêve s’étire, flotte, entre naïve cohérence et fragment de réalite.

Horizon lavande.

Premier rappel. Chacun rejoint la colonne. Soldat d’un monde qui avance. Adieu le songe.

Lumière crue et nue.

La tasse tape sur le comptoir. Les portes métalliques claquent. Les freins des voitures.

L’âme comme une bille minuscule.

Grenade

Sphère imparfaite, cabossée. Aquarelle sang et jaune.

Le jus s’écoule, les grains serrés, soudés, résistent.

Picorer un rubis, avaler tout un grain. Ca craque, ça croque, ça goutte.

Détacher un trio, en faire sauter quatre. Le sucre et l’amer en une seule vague.

Le cristal fondant et le pépin fragile. Jamais assez.

Retirer la peau épaisse et souple, ce sera plus facile.

Se saisir de dix grains, avec délicatesse, en ordre dispersé.

Lever le voile rempart, mettre à nu un gisement.

Grain par grain, les doigts de vin, n’en perdre aucun.

Petites victoires. Qui peut donc aimer ça ?

Grenade de mon enfance.

Ce que ça nous fait

Il imagine à nouveau la distance, et songe la parcourir.


Elle célébre, sans doute aucun, les amitiés douces et mélangées.


Ils se délectent de l’inconnu qui les attend peut-être, ou pas, ou bien.


Il s’emplit à nouveau, réservoir ouvert, alors que les niveaux étaient fixes, rationnés.


Elle désenclenche la haute surveillance, elle sort du fort, la main tendue.


Il pense au carré de ses rêves, trace une ou cent cartes, les rebat et recommence.


Elles fixent un horizon qui atterit quelque part, un infini sans obstacle.


Elle vole le sourire d’une inconnue et le transmet, à qui voudra.

Il met un pied devant l’autre, pour un oui, pour un non, au diable la retenue.

Cet édifice, jusque là maintenu en équilibre, bras crispés. Cet édifice flotte soudain entre nos mains, poids plume. Le mouvement. Enfin. Au rythme de notre souffle. 

Plaidoyer pour le flou …

bus dot

Bus Dots by Julien Tatham – http://reflectingstory.com/

Peut-être. Peut être est-ce parce que j’ai repris des forces pour partir en croisade. Peut être est-ce parce que je suis entourée de personnes bienveillantes. Peut-être est-ce parce que j’évolue dans un contexte complexe. Peut être est-ce parce que mon année fût rude, faite de hauts, de bas, et qu’il a fallu de la douceur de de la patience pour traverser tout cela. Mais voilà. Voilà.

Feminazi, black face, extrait vidéo percutants hors contexte, vindicte publique, les pour à fond, les contres tellement motivés, les tweet clash à rebondissement… Je suis fatiguée. Je suis fatiguée du passage à l’échelle, de l’ampleur que cela prend. De ces messages ou reportages si nets : bon ou mauvais. Et si ? Et si certaines choses étaient floues. Et si des paroles, des actes étaient la résultante de choses complexes. Pourquoi ne pas reconnaître des choses comme la maladresse, l’imperfection, l’aveuglement, la peur, l’inculture, les biais ? Les réseaux sociaux, les blogs, (comme les les cafés à leur époque), ont libéré la parole et il est évident que les positions exprimées ne sont pas toutes celles de spécialistes-super-pointus-qui-doivent-forcément-savoir-que. Tout cela reste imparfait et inégal.

Disclaimer, je ne dis pas qu’il faut laisser le bénéfice du doute aux habitués du mépris de l’humain et de l’humanité, aux racistes et aux sexistes qui portent leur haine en bandoulière depuis des mois [*]. Je parle ici des autres, de ceux qui tentent un truc, un commentaire, une prise de position, peut être nouvelle, qui développent des idées, s’essaient à la liberté de parole, à l’humour, et pour qui on hurle si vite au scandale.

Il faut bien discuter, échanger, n’est ce pas. Alors comment ?

Que l’on avance une idée, et que quelqu’un demande comment elle a éclot. Oui.

Que l’on puisse enrichir cette idée et lui donner une autre perspective. Oui.

Que des arguments contraires soient développés, entendus. Oui.

Mais que l’on doive dans l’urgence et impérativement classer. Hop. Dans le bac à linge sale, les gens qui aiment Johnny, les joueurs de foot, les mecs qui commentent #balancetonporc, les femmes qui commentent #balancetonporc. Et dans le tiroir des chaussettes propres, les militants écologistes, les féministes, les entrepreneurs, les pro miss france rousse, les grévistes (cherchez pas, ce sont encore des exemples pris au hasard). Non.

Redonnons de la place au flou, à l’indéterminé. Essayer de comprendre le cheminement d’une pensée, cela demande du temps, du cerveau, du cœur. Cela demande de se parler, de s’écouter. Cela demande aussi d’admettre que les failles, les faiblesses, les manques fassent partie du débat. Nos faiblesses. Et celles des autres.

Il me semble que à l’heure du machine learning  prédictif et de l’ordinateur quantique, il faudrait tourner le dos aux positions binaires (#instantGeek) et nous munir de points de vue subtils, et de conclusion nuancée. Pour le bien-être du plus grand nombre, pour diminuer l’agitation de ce monde.

#bisou

Crédit : Photo de Julien Tatham, Reflecting Story, avec son aimable autorisation. La  photo est tirée de son exposition ‘Us Stop’. Julien peint, dessine, compose, arrange avec une poésie remarquable… Un artiste à découvrir ici : http://reflectingstory.com/

[*] cher troll, ici tu pourras faire ton beurre