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[Musée] Explorer le passé des Futurs à la Vieille Charité de Marseille

Replonger dans le siècle précédent, et exposer ce que les artistes majeurs de l’époque imaginaient comme monde pour nous. C’est la proposition de l’exposition Futurs, à la Vieille Charité à Marseille. Explorer le passé des futurs. les thèmes abordés ici sont ceux de la ville, la conquêtes des mondes et de l’espace. Les sujets qui tenaient à coeur les artistes du XXème siècle, marqué (entre autres) par un élan technologique, une course du “progrès” et une réorganisation des territoires. Dans cette exposition, le message et la vision des artistes priment sur l’esthétique. Mais on croisera néanmoins quelques très belles œuvres, amusantes ou surprenantes. Extraits.

A propos de l’urbanisme

Henri Sauvage Immeuble a gradins - 1928

Henri Sauvage – Immeuble à gradins – 1928

Georgia Okeelf city night 1970

Georgia Okeelf – City Night – 1970

oppenheim dennis - Roots in cubism hearts in the stars - 1984

Oppenheim Dennis – Roots in cubism hearts in the stars – 1984

Philippe Cognée - Tajic 3 - 2012

Philippe Cognée – Tajic 3 – 2012

A propos de la conquête des mondes

la guerre des mondes_2

Wolf Vostell B52

Wolf Vostell – B52 – 1968

Mimmo Rotella Batman

Mimmo Rotella – Batman – 2004

erro surfer silver

Erro Erro – Surfer Silver – 1999

A propos de la conquête des étoiles

joan miro la danse des personnages oiseaux sur ciel bleu étincelles

Joan Miro – La danse des personnages oiseaux sur ciel bleu étincelles – 1982

matisse icare poésie du monde

Matisse – Icare poésie du monde – 1946

L’exposition est en place jusqu’au 27 septembre, vous avez donc tout l’été pour profiter de ces oeuvres et du calme du quartier du Panier.

Pour en savoir plus sur le lieu de la Vieille Charité : http://vieille-charite-marseille.com/index/expositions

[Musée] Niki de Saint Phalle, une Grande Femme, au Grand Palais

Niki de Saint Phalle est une belle femme, qui sait bouger, s’exprimer, avec grâce, mais pas que. Niki de Saint Phalle sait aussi recevoir les visiteurs de l’exposition au Grand Palais. Elle les attend en haut de l’escalier conduisant à la première des cinq salles consacrées à ses œuvres. Elle sourit sur un écran, puis nous vise de sa carabine. Elégante et calme.

Niki de saint phalle fusil rondOn l’aura compris Niki de Saint Phalle, n’est pas une femme ordinaire. Née en 1930, décédée en 2002, sensible, bouillonnante, intelligente, elle interroge son temps par sa création. Ce temps qui a intégré la révolution industrielle, a éteint les conflits armés en Europe, découvre les joies de la société de consommation, et oublie de se pencher sérieusement sur la condition des femmes. Que sont les femmes ? Jeunes filles à marier, épouses sérieuses, mères, puis rien. Des corps pratiques et beaux, soumis au pouvoir des pères, des époux. Des corps écartés de la mise en œuvre du monde, concentrés sur les fonctions de reproduction et de gestion domestique. C’est en bref ce que Niki de Saint Phalle exprime dans ses œuvres les plus revendicatrices. Sa voix baigne les salles d’exposition, elle explique inlassablement. En français, en anglais. En collage, en peinture, en sculpture.

niki_s_phalle_white_goddess– The White Godness (1963) – Un assemblage de laine, poupée, animaux insectes, fleurs, recouvert de blanc.

 niki de saint phalle leto ou la crucifixion– Leto ou la Crucifixion (1965) –  Une représentation de la femme objet de désir et mère.

niki de saint phalle la toilette– La toilette (1978) –  Une sinistre séance de maquillage pour une femme à tête de squelette

Certes, Niki de Saint Phalle est animée d’une violence, d’une protestation, mais elle dispose d’une énergie, d’un bouillonnement créatif, et propose aussi des pistes à travers ses créations. Les Nana, femmes épanouies, constituantes potentielles d’une société matriarcales. Ces statues immenses sont rondes, colorées, et de l’avis de tous joyeuses. On suivrait volontiers leur pas joyeux, leur danse vers le ciel. Niki de Saint Phalle a su imposer ses Nana partout dans le monde, on les retrouve sous tout pretexte, statues de papier, polystyrène, mosaïque, ou construction gigantesque intégrées dans des paysages, des parcs, des musées, ou encore poupée de chiffon dans les mains d’enfants du monde entier. les Nanas recouvrent le monde – faute de le diriger.

 Niki de saint Phalle dolores– Dolores (1968-1975) –  Une des célèbres Nana …

niki_de_saint_phalle_nanaUne Nana de l’œuvre Les Trois Grâces,1995-2003 – Mosaïque et argentée

Le couple subit également son regard lucide et critique. En témoigne cette sculpture de mariés endimanchés, qui promènent leur amour, symbolisé par une bête noire effrayante, rehaussé d’un cœur rose – so girly. Mais Niki de Saint Phalle n’exclue pas la générosité ou l’amour de son œuvre. On trouvera donc de ci,de là quelques signes (heureux) d’apaisement.

Niki de saint Phalle promenade du dimanceh– La promenade du dimanche (1971) – Une ode à la tristesse des couples

niki de saint phalle vive l'amour

– Vive L’amour (1990) – Un dessin coloré et joyeux…

Enfin, Niki de Saint Phalle a beaucoup joué le jeu de l’installation. Sa mise en spectacle favorite fut, un temps, une technique requérant un fusil. Après avoir assemblé et collé des objets contenant chacun de la peinture, l’artiste tirait sur ces préparations, et créait ainsi en direct, sous les yeux des spectateurs des œuvres d’art colorés. Les films qui rapportent ces séances de création mêlent un sentiment de violence et de force créatrice. Les coups de feu répétés. La peinture qui coule, gicle, goutte, glisse. La foule qui acclame, commente, se bouche les oreilles. Niki vise, tire, et l’œuvre se créée.

Niki de saint Phalle séance de tir– Grand Tir, Séance de Stockhom 1961 – au premier plan

Afin de comprendre la force avec laquelle Niki aura mené son combat toute sa vie, on pourra retenir une des tirades qu’elle prononce dans un de ses court-métrage nommé Daddy, datant de 1972, où elle figure l’assassinat de son père. Elle tire au fusil sur une de ses œuvres en devenir, et récite avec froideur et retenu un texte bouleversant, dont je reproduis ici une traduction personnelle : “Good bye Daddy, ça n’a pas marché, ça n’est pas grave, les esclaves se sont libérés, et profitent maintenant de leur pouvoir, comme tu as profité du tien.” Une déclaration d’autant plus saisissante que Niki écrira plus tard dans un livre autobiographie que son père avait abusé d’elle alors qu’elle était âgée de 12 ans.

L’exposition est rythmée, merveilleusement installée, chaque pièce recréant une époque, une ambiance. La parole et l’écriture de Niki de Saint Phalle y ont une grande place, ce qui permet de comprendre son énergie créatrice. Rendez-vous donc sans hésiter à cette exposition au Grand Palais [1]. On pourra également redécouvrir l’oeuvre complète de Niki par le catalogue très complet de l’exposition [2], suivre sur les réseaux sociaux #NikideSaintPhalle [3] ou effleurer l’émotion des visiteurs sur Instagram [4], et jouer avec l’appli android [5].

[1] http://www.grandpalais.fr/fr/evenement/niki-de-saint-phalle

[2 ] http://www.boutiquesdemusees.fr/fr/librairie/niki-de-saint-phalle/7284.html?par=113

[3] https://twitter.com/search?q=%23NikideSaintPhalle&src=tyah

[4] http://instagram.com/grandpalais_rmn

[5] https://play.google.com/store/apps/details?id=fr.rmn.expoNiki.fr

Note : les autres billets sur mes visites de musée : https://poulpita.com/tag/musee/

[Musée] Boston, et son museum of fine arts …

museum_of_fine_arts_entranceUSA. Côte Est. Boston.

Cette ville bénéficie des plaisirs de l’eau, Charles rivière d’un côté, océan Atlantique de l’autre, des grandes écoles, MIT, Harvard, University of Boston. Grande et calme, Boston abrite un musée fabuleux, par sa taille, sa richesse, et son arrangement. The Museum of Fine Arts, sur la green line de son métro.

Ticket en main – valable 10 jours avec autant d’entrée que l’on souhaite – je franchis un couloir sombre qui s’ouvre sur le cœur du musée, une place de laquelle toutes les ailes sont accessibles. Art d’europe, d’asie, d’amérique, contemporain, exposition temporaire, le choix est si vaste que je me fais violence pour choisir une aile.

 

Du côté de l’art contemporain …

All_art_has_been_contemporary

Le ton est donné : “All art has been contemporary”. Ce qui ne veut pas dire que ce département accepte tout et n’importe quoi. Je me laisse charmer par quelques artistes ou oeuvres-concepts.

 

  • Un selfie (oui c’est bien moi sur la photo) pris grâce à l’oeuvre Shadow Box Third Person, de Rafael Lozano Hemmer. Le principe est simple, une camera capture l’image du visiteur et la retranscrit en nuage de mots clés, grâce à un algorithme dynamique. On devient ainsi un nuage de tags mouvant.

lozano_hemmer_third_person

  • Un homme suspendu dans les airs. Cette œuvre me permet au passage de vous montrer que certaines parties du musée sont extrêmement lumineuses et agréables.

homme en l air

  • Un portrait de femme terriblement minimaliste et expressif, composé de trois panneaux de tailles différentes.

femme_minimaliste

  • Brendon Scott French et son travail sur le verre, nommé Tectonic Trace #2.

brendon scott french

  • Une expérience qui ne peut pas se prendre en photo : un écran-enseigne, composé de leds rouges qui s’allument et s’éteignent pour laisser défiler des messages.  Façon arrêt de bus. Les phrases inscrites sont du genre :

When someone beats you with a flash light, you make light in all direction.

It is your own interest to find a way to be tender.

Things are getting worse everyday.

It is fun to work carelessly in a dead zone.

You are so complex, you wont always answer to danger.

Le décalage horaire aidant sans doute, le malaise s’installe rapidement. On reste à lire ces phrases, insidieusement négatives, et on se sent nerveux, agressé. Je fais une pause. Car le musée est aussi un endroit où on peut lire, boire, manger à quelques pas des œuvres…

Du côté de l’art américain…

arts of americaOn trouve des choses intéressantes du côté des artistes américains. La période des impressionnistes, fortement influencée par Paris, est d’une grande qualité.

Les thèmes de la nature sont souvent integrés dans les oeuvres. Et voici quelques artistes remarquables du XIX et XXèmes siècles.

  • The buffalo Tail, de Albert Bierstad (1830 – 1902)

BierstadtAlbert-StudyForTheBuffaloTrail

  • Repos – Montigny sur Loing, de Ernest Lee Major (1888)

Ernest-Lee-Major-xx-Resting-Montigny-sur-Loing-1888

  • The Driftwood, de Winslow Homer (1909)

Winslow Homer Driftwood 1909

 

  • The Yellow room, de Frederick Carl Frieseke (1910)

frederick carl Frieseke

Et enfin, la révélation de ce musée. Le génie aux styles multiples et aux thèmes illimités : John Singer Sargent (1856 – 1925). Un peintre américain expatrié à Paris, comme beaucoup, à qui le talent permet d’aborder le portrait, le nu (homme et femme), l’aquarelle, les natures mortes ou les scènes d’extérieur avec une qualité exceptionnelle. Quelques exemples avec cette Madame Roger-Jourdain (1883) et Giudecca (1907) :

madame-roger-jourdain_john_singer_sargent

 

giudecca_john_singer_sargent

On quitte ce musée avec l’impression de tourner le dos à un trésor d’artiste et de créativité. On y reviendra avec plaisir.

Statue indien devant le MFA

 

En savoir plus :

– le Museum of Fine Arts sur le web : https://www.mfa.org/

– L’oeuvre de Rafael LOZANO-HEMMER http://www.lozano-hemmer.com/projects.php?keyword=Shadow_Box

– Le travail de John Singer Sargent : http://www.wikiart.org/en/search/John%20Singer%20Sargent/1

Autres billets relatifs aux musées :

https://poulpita.com/tag/musee/

[Musée] Art contemporain, du côté de chez Cartier

fondation cartier 30 ansLa fondation Cartier fête 30 années de mécénat tourné vers l’art contemporain. Une occasion pour aller visiter ce lieu, posé rive gauche, le long du boulevard Raspail. Cette tour de verre accueille s’élève sur plusieurs étages, et accueille dans son sous-sol, et son rez-de-chaussée des œuvres rapportés de rétrospectives précédentes. Les pieds de la tour sont plantés dans jardin, qui lui aussi est une œuvre d’art. Que peut-on observer dans cette exposition anniversaire ? L’art contemporain a ceci d’intéressant qu’il a souvent un parti pris de caractère, et risque donc de détourner aussi bien que d’étonner son spectateur. Je ne partagerai donc ici que les œuvres qui m’ont tapée dans l’œil, dans le désordre, et vous laisse le soin de visiter l’exposition pour me signaler les autres pièces qui vous paraîtraient maîtresses.

–          « Fishnet » de Jivya Soma Mashe. Une toile très classique, comparée au reste des pièces présentées. Elle représente une scène de pêche, délicate, en deux tons.

jivya soma mashe fishnet paris - Copy

–          ”In bed” de Ron Mueck. Une sculpture terriblement réaliste d’une femme mélancolique dans un lit. Réaliste, mais également géante. Pas un visiteur ne reste silencieux ou immobile devant cette vision, frappante de réalisme.

femme geante bis

–          Moébius. Représenté par deux carnets, effeuillés et soigneusement alignés sur les murs. Le trait précis du maître ne peut que séduire. Une projection d’un film en 3D est également programmée. Moébius y met en valeur la légèreté par le vol de vaisseau, la danse effrayante de créatures filiformes, la course des corps dans une végétation bondissante.

carnet moebius

–          Les objets amusants de Takeshi Kitano – oui le cinéaste. Mi-animal, mi-machine, Takeshi Kitano transforme des insectes, des poissons ou des mammifères en moteur de tank, roue motrice de train…

gosse d artistegosse d artiste tergosse d artiste quatre

 

–          Les lampes en pliage de Issey Miyake, qui éclairent la pièce principale de l’exposition, mais également le jardin.

issey miyakke in-ei

Justement, parlons-en du jardin qui cerne la tour Cartier. Il est vert, sauvage, mais structuré. Certaines installations sont des acquisitions de la fondation, des pierres agencées, un mini-auditorium composé de deux bancs et un lavoir. Une roulotte sert des boissons. Je n’aurai pas le temps d’en profiter  de grosses gouttes de pluie s’écrasent sur mon carnet et me font fuir. Reste un couple d’amoureux attablé qui discute sagement sous un parapluie…

 

Note : autres billets relatifs aux musées https://poulpita.com/tag/musee/

[Musée] Un regard sur Visages

 

indexVisages

Marseille. La Vieille Charité, dans le quartier du Panier. Quartier bobo-prolo. Un îlot cerné par la cathédrale de la Major, le MUCEM, l’Hôtel Dieu et le Boulevard des Dames. La Vieille Charité bonifie avec le temps. Ancien hospice, elle accueille un centre de poésie, une librairie, un bistrot sympa, les Musées des Arts Africains, Océaniens, Amérindiens, et des expositions temporaires. En ce moment, Visages. (more…)

[Musée] Les Beaux-Arts de Marseille

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Le Palais Longchamp offre depuis toujours une vue imprenable sur Marseille. Du haut des ses cascades, perché sur les taureaux fulminants ou derrière les statues géantes, on aperçoit Notre Dame de La Garde. A nos pieds, l’aile gauche du Palais abrite le Muséum d’Histoire Naturelle (et son imposant éléphant d’Afrique). Depuis quelques semaines l’aile droite a ré-ouvert et accueille le Musée des Beaux Arts, proposant des œuvres d’art du XVII au XXème siècle. Lorsque l’on pénètre dans cette aile restaurée, on est sous le charme des escalier imposants, des colonnes de marbre, des sols de mosaïque et du parquet – qui craque sous nos pas prudents et timides de visiteurs. (more…)

[Musée] papiers et encres, du geste à l’esprit

centre pompidouAu cœur de Paris, ancré entre les Halles et la Tour Saint Jacques, le Centre Pompidou. Mon ticket glacé en main, je rejoins le niveau 4 par le tube-escalator pour entamer une visite du Musée d’Art Moderne, prête à en découdre  avec les propositions artistiques de 1960 à nos jours. Matière, concept, gigantisme, l’art repensé, je suis prête. Sauf que … Les dessins de la donation Florence et Daniel Guerlain me détournent de mon but. Je reste prisonnière d’un labyrinthe de murs blancs, où le papier fait loi.

N’importe quel papier. Le blanc, le calque (brûlé ou pas), le sépia, caran d’ache, imprégné de cire. Toutes les façons d’y laisser des traces sont autorisées. Gouache, encre, fusain, aquarelle. Un papier, un dessin. Ce qui interpelle dans cette exposition, c’est la sensation, pour chacune des œuvres, de sentir la main de l’artiste, son intention. Les intentions. Car la multitude des artistes induit la multitude des propositions. Dessin esthétique, exploratoire, politisé, joueur, personnel, studieux. La richesse de cette collection est indéniable. Chacun y croisera au moins une œuvre qui caressera sa sensibilité, titillera ses questionnements. Pour ma part, voici les artistes qui m’ont fait aller, venir et revenir devant leurs œuvres.

Jean Luc Verna  et ses poupées monstrueuses mise en scène avec du fusains sur papier sepia. Des monstres naïfs et retros.

JL_verna_poupéeAnne Lacouture et ses marionnettes. Ma série préférée : dix dessins à l’encre de chine. Tout commence par un visage. Ou plutôt, une chevelure bouclée dessinant un espace vide qui nous fait espérer un visage. La chevelure s’anime, des yeux apparaissent entre les mèches, des silhouettes sortent de l’ombre, montent des échelles, se multiplient, s’organisent, prennent le pouvoir… Pour finalement anéantir nos espoirs. Point de visage, jamais, juste une trainée sombre et inquiétante sur les deux derniers tableaux.anne_lacouture_marionnettes_undeuxtroisFabien Merelle et ses portraits de SDF. Les couleurs froides, les corps posés, statiques, en partie neutre, invoquent une situation forte.

Fabien_Merelle

Ou encore, Sergey Anufriev et ses minuscules silhouettes d’encre, précisément posées sur une ligne de terre, une ligne de temps, un fil tendu sur de grandes feuilles blanches. Ou alors, Nancy Spero et sa mise en scène de silhouettes inquiétantes mêlées aux phrases de Artaud, dérangeantes. Stéphane Calais et ses estampes florales discontinues. Bien d’autres œuvres m’ont touchée : mais je ne peux que vous recommander d’aller déambuler dans cette exposition, et de rapporter les vôtres !

L’exposition :

Donation Florence et Daniel Guerlain, Centre Pompidou, Galerie du Musée et Galerie d’art graphique, niveau 4. Jusqu’en mars 2014. www.centrepompidou.fr

D’autres références :

Jean Luc Verna http://www.airdeparis.com/verna.htm

Anne Lacouture : http://www.annlacouture.com/

Billet sur Anne Lacouture et ses silhouettes : http://anneclaireplantey.wordpress.com/2013/12/15/anne-lacouture/

Billet sur l’œuvre de Fabien Merelle : http://www.boumbang.com/fabien-merelle/

[Musée] De la toute relativité du sacré des œuvres d’art

centre_pompidou_mobile_aubagneLa ville d’Aubagne accueille pour l’été certaines œuvres du Centre Pompidou. Seize œuvres qui prennent l’air. Seize artistes qui ont marqué leur temps, et ont aidé à bousculer nos repères de l’art moderne, par le biais de l’art abstrait. L’exposition ‘Centre Pompidou Mobile’ est située dans une série de trois tentes accolées, à la manière de chapiteaux de cirque, ce qui aide à installer une certaine proximité avec les peintures et les installations.

Accompagnée d’enfants, j’étais soumise à leurs nombreuses questions sur la distance nécessaire aux œuvres : peut-on toucher les peintures, peut-on s’en approcher, peut-on rajouter un petit dessin dessus, …. Cette exposition m’a forcée à certaines pirouettes afin de garder un semblant de rationalité. Voyez un peu.

Du_jaune_au_violet_MorelletLa première série d’œuvres, était composée de peintures de Victor Vasarely, Fernand Léger, Vassily Kandinsky, François Morellet (photo), et autres artistes, adeptes du support classique qu’est une toile. Ces toiles étaient sagement rangées derrière une vitre immaculée, insérée dans un mur blanc lumineux. Des toiles inatteignables donc, ce que le gardien nous confirme lorsqu’il nous rappelle, avec le sourire, qu’il ne faut toucher ni aux vitres, ni au mur. Facile. L’œuvre d’art est sacrée, on ne peut que la regarder – et de loin s’il te plaît.

roue_de_bicyclette_M_DuchampPuis vient l’œuvre de Marcel Duchamp, attirante. Cette roue de vélo fichée dans un tabouret, on aurait envie de la faire tourner, n’est ce pas ? Et ben non. Les gardiens sont formels. L’œuvre est à portée de main, mais on n’y touche pas, c’est interdit.

Dan Flavin, Untitled (to Donna) 5a 1971 © M. Jauffret
Qu’à cela ne tienne on se rattrapera sur l’œuvre de lumière de Dan Flavin. Elle dépose sur nous un peu de couleur et d’ombre, nous laissant l’impression de faire partie de l’installation. On approche sa main, son visage, qui s’éclairent sous les néons qui la constituent. Très bien. Des fois, l’œuvre peut nous toucher, mais uniquement si elle le souhaite.

Objet_à_se_voir_regarder_P_RametteL’installation suivante nous laisse imaginer que les œuvres ont une vie cachée. En effet, l’installation de Philippe Ramette ‘Object à se voir regarder’ est censée être composée d’un objet en métal doré amusant, associé à une photo de l’artiste portant ce même objet sur la tête. Mais la moitié de l’installation a disparu. Un vulgaire papier A4 blanc nous indique que la photographie est en rénovation. On l’imagine, cette photo, entre les mains de personnes soucieuses, le regard froncé. OK, exceptionnellement, il y a des gens qui peuvent toucher les œuvres, pour les soigner – mais pas nous. 

144_carrés_d'étain_C_AndréSauf que l’installation suivante de Carl André met à terre notre théorie. Il s’agit d’un sol, composé de 144 carrés d’étain que nous foulons sans nous en rendre compte depuis quinze bonnes minutes. Le visiteur est même invité à circuler dessus, à s’accroupir, à la caresser. On jette un œil vers le gardien pour quémander une dernière bénédiction. C’est oui. On peut parfois toucher des œuvres – et même danser dessus si on veut.

cabane_eclatée_n_6_BurenDernière installation, de Daniel Buren. Une cabane, dont la structure est faite de baguettes de bois, composée de panneaux soit vides, soit parés de toile tendue rayée jaune et blanche. En face de chaque ouverture, on retrouve un mur couvert de cette même toile jaune et blanche. Une cabane que Buren re-compose pour chacune des expositions, en fonction de la place disponible. Un truc montable, démontable, ouvert aux quatre vents. On peut entrer dans cette cabane, par une ouverture plus grande que les autres, à taille humaine. Une porte, quoi. Enhardie par cette liberté, les enfants passent même à travers une des petites ouvertures, proche du sol, à leur hauteur, faisant tressauter une gardienne. C’est interdit chuchote-t-elle, en souriant. Donc, on peut entrer dans certaines œuvres, mais pas n’importe comment – selon une règle stricte dont la logique nous est inconnue.

Pour conclure on peut parfois toucher, visiter, piétiner certaines œuvres. Et pas d’autres. la valeur de cette exposition réside donc dans la variété des expériences permises, et l’on repart avec la sensation d’avoir été malmené sur la notion des limites de l’art. Mais que demander de plus à une bonne exposition ?

Pour en savoir plus :

Centre Pompidou Mobile : http://www.culture-13.fr/agenda/centre-pompidou-mobile.html