Chaque année, les Rencontres de la Photographie à Arles se mettent en place, avec plus ou moins de discrétion. Des photographes, leurs oeuvres, 40 expositions dans une vingtaine de lieux. Un endroit que j’aime particulièrement arpenter, c’est le Parc des Ateliers. Friche industrielle, anciens entrepôts de la SNCF et futur lieu du Luma. L’ambiance un peu désertique, sous la lumière blanche du Sud. Le dimanche matin, il y plane une tranquillité, qui invite à toutes les découvertes.
Dans les halles et hangars, on trouve une dizaine d’expositions, visitées par un public éclectique, des familles, des jeunes couples, des hordes de photographes. Une sélection des propositions qui m’ont le plus remuée.
Mauvais genre.
On retrouve une collection de portrait d’hommes et de femmes, individuels ou en groupe, qui jouent à porter le mauvais genre. Travestis, transsexuels, transgenre, toutes les bonnes raisons de changer de sexe, plus ou moins intensément, sont réunies. Pour le théâtre, pour le jeu, pour la mascarade, pour une question de vie ou de mort, sur une scène, temporairement, pour la vie, pour la renommée. On découvre des sourires heureux, des visages touchants, transformés. Tout ceci reste néanmoins grave et important puisque ces clichés exposent ce que ces hommes et ces femmes veulent nous révéler de leurs représentations personnelles, l’alignement de leurs désirs et de leurs aspirations.
Hara Kiri.
Les travaux esthétiques de la revue Hara Kiri, la revue satirique des années 70/80, le journal bête et méchant, dirigé par Choron. Alors plus que le côté esthétique, ou le recours systématique à des couleurs criardes, ou la redondance de sujets scatologiques (pour le dire bien) ou sexistes, on pourra s’étonner que le journal ait pu manier l’humour froid, méchant, sans limite aucune. Plonger dans les couvertures de Hara Kiri, c’est se rappeler qu’il fût un temps où les journalistes et dessinateurs pouvaient rire de tout et dans toutes les positions. Cela devait sûrement choquer, mais la liberté d’expression n’était pas rabotée, et le politiquement correct n’avait pas encore fait son chemin pour adoucir les mœurs de ces journalistes.
Stéphanie Kiwitt.
Mon coup de cœur, qu’il faudrait voir de près pour apprécier. Stéphanie Kiwitt assemble des objets, des lignes, des thèmes dans ses séries de photos. Un dialogue d’établit entre notre oeil, notre cœur et ses propositions. Bref. J’aime, je n’explique pas pourquoi.
Garry Winogrand
Une découverte, ce Garry. Un photographe du regard, de la tension. En un cliché l’ambiance est posée, une histoire est racontée. Des scènes de rue, des foules, des inconnus qui se croisent, et pour qui on imagine un destin. L’exposition présente certains de ses clichés et ses planches-contact, annotées. Cette exposition est le début d’une belle rencontre pour moi, le pretexte à découvrir cette oeuvre, qui témoigne d’une certaine amérique.
Les Rencontres de la Photographie de Arles durent jusqu’au 25 Septembre. Il est impossible d’apprécier en une journée toutes les expositions, et la bonne nouvelle, c’est que pour 37 euros, vous pouvez acquérir un pass qui permet de visiter toutes les expositions sur plusieurs semaines. J’y retournerai très bientôt. Avec vous ?
Note : mes billets sur les éditions précédentes des Rencontres Photographiques de Arles sont disponible là , ici et là