Parking désert. Chaleur d’asphalte. Les peintures au sol font loi. Se garer, trouver à grande peine un jeton en plastique au fond d’une boîte à gant. Sacrifié aussitôt. Tire la bobinette et la chevillette cherra. Le chariot se meut enfin. Panier tressé de tubes métalliques infiniment longs. Il émet un bruit de clochettes bâillonnées. Les roues branlantes attaquent les allées, et la plus sauvage d’entre elles pivote de temps à autre.
Porte automatique. Bulle d’air conditionnée. La promenade commence. Des familles unies, cheveux brillants, prisonnières d’affiches immenses. Des enfants joyeux, surpris en plein nature, figés sur des emballages. Hygiène. On ne sait que choisir. Quelle partie du corps retaper. Un semblant de vie du côté des légumes. Couleurs calibrées. Angoisse. “Le petit Kylian attend sa maman à la caisse, le petit…”. Ronronnement des frigidaires géants. Chair morte nettoyée, découennée, dessalée, fumée. Le panier métallique se remplit. Du gras. Du sucre. Caprice. Encore du sucre. Alcools. Sages rangées de bouteilles et d’étiquettes. De la rondeur. De l’oubli. Oui. Finissons-en. Finissons par là.