17 Août. 21h18. Pein sud.
Un homme s’avance sur le trottoir, dans la pénombre. Il promène un parasol. Insolite. Passage piéton et lampadaire. Je tremble légèrement sous le souffle chaud des voitures lumineuses, bruyantes, rieuses. Je franchis les marches de béton qui conduisent au sable froid. Robe et chaussures gisent un instant plus tard sur la grève presque déserte. Leur blancheur servira de repère dans l’obscurité prochaine. Je devine les milliards de cailloux minuscules, je les sens, tranchants. Mes pieds s’y enfoncent, passent du frais à l’humide. J’oublie ce sol mouvant, distraite par le frôlement tiède des vagues.
Mise à l’eau. Dans l’ordre. Cuisses. Mains. Fesses. Nombril. Épaule Nuque. En vrac. Allègement de l’esprit. Du corps. Futilité des ancres. Un début de liberté.
Puis la nage. Après quelques brasses, je porte la mer, comme une robe, immense et lourde. Sa surface s’assombrit lentement. Se lisse. A peine courbée par les timides remous. Mousse noire et armée d’algues droites pour seuls obstacles. Quelques plaies salées piquent ma peau.
Les étincelles des bars, roses, vertes, n’entachent guère l’horizon, qui se fait bleu, puis gris, puis rien, écrasé entre un ciel sombre et une mer profonde. Il fait nuit. Il fait silence.
Je suis entre parenthèse, vulnérable, oublieuse. Au centre de tout. Un point ballotté sur l’eau. Un corps de plus, dilué.
Enfin. Les étoiles.