Les mots sombres et terribles. Ils me cisaillent. De la nuque aux tripes. Quelque part, près du nombril. Il y a un nid. Ça fourmille. Je sens leurs petites pattes. Il y en a des pointus, des lourds, des clandestins – les pires – habitués à vivre cachés, rampant.
Ils me cisaillent, me traversent, se jouent de moi. Profitent d’une égratignure, d’un titubement, se précipitent sur la plaie. Et piaillent. Ils veulent sortir. Parader. C’est mon heure, disent-ils. C’est mon moment. Non. pas maintenant, leur dis-je.
Alors, ils se vengent. Percent des tunnels. Nouent ma gorge. Subtilisent un sens. Puis. Vaincus par le silence, repoussé par la discipline, ils cèdent. Se rangent et s’entassent, oisifs et narquois, jusqu’au prochain naufrage.