– Ha ben, c’est pas trop tôt.
– C’est pas avec toi qu’on va réussir à préparer l’assemblée générale du mois prochain !
– Désolé. J’avais un truc à faire. Le boulot.
– Tiens, signe la feuille de présence.
– Dites donc, vous faites ça bien !
– Ben oui, si on n’est pas organisé, c’est le bordel.
– Vous avez commencé ?
– Ouaip. on en était au palmier.
– Quel palmier ?
– Celui qu’il faut brûler ?
– Lequel ?
– Devant le bâtiment des Embruns.
– Il va pas bien ?
– Tu vois rien, toi. On lui a déjà coupé toutes les palmes.
– Et donc ?
– Maintenant il faut le brûler.
– En parlant de brûler. Vous avez vu la petite de Bragones. Elle a un pansement sur l’oeil.
– C’est qui les Bragones.
– Le couple, là. Au bâtiment des Rochers. Au quatrième.
– J’vois pas. ceux qui ont l’Audi.
– Nan, l’Audi c’est la nenette super sapée, qui bosse à la Poste.
– Ha bon. Je l’ai croisé au vide grenier dimanche.
– Tu y étais ? Moi aussi.
– Oui, je cherchais un billard pour mon neveu. Y’en avait deux. Mais pas terrible. Un, tu sais, un modèle bump…
– Bon. Les gars, on parlait du palmier.
– Ha oui. Pardon.
– Avant de parler du palmier. Qui est mort, et donc qui peut attendre, je suggère que l’on parle de l’abribus.
– Quel abribus ?
– Celui qu’on va avoir puisque notre présidente a réussi à convaincre la mairie d’allonger la ligne jusque chez nous.
– Putain. Trop forte la présidente. Tiens, d’ailleurs, elle nous ferait pas une tisane la présidente ?
– Et le chocolat. Elle est où la tablette de chocolat ?
– Voilà, voilà.
– L’abribus. Qu’est ce qu’on doit faire ?
– Je sais pas, le choisir.
– Parceque tu crois qu’ils vont t’envoyer les catalogue.
– J’en sais rien.
– Les jeunes, ils vont le squatter, jour et nuit, je te dis.
– On met pas de banc !
– Et nos vieux ? C’est les vieux qui vont prendre le bus.
– Ah oui. Alors on met un banc.
– Bon, ben voilà. C’est réglé. On veut un abribus avec un banc. Question suivante.
– Le pal…
– Et on le met où ?
– Au bout.
– Au bout, du côté du bâtiment des Algues, ou du côté du bâtiment de la Barque.
– Ha, non ! Pas chez moi.
– Hey. Tu le veux, le bus, où tu le veux pas.
– Non, je le veux pas. J’ai deux bagnoles. Je prends jamais le bus. J’m’en fous.
– Il est bon ton chocolat. C’est quelle marque ?
– Côte d’Or.
– Très bon. Comment vous le trouvez le pain de la nouvelle boulangerie ?
– Laquelle ?
– Laquelle !
– Laquelle ?
– Ya une nouvelle boulangerie ?
– Tu sais. Au rond point, après le Décathlon. Entre les pompiers et le collège.
– C’est pas nouveaux. c’est les anciens du quartier Victor Pont.
– Bon, et pour le palmier ?
– Attends. Et le plombier. Il est passé.
– Où ?
– Chez son beau frère, y’avait une fuite.
– Nan. Mais laisse tomber. C’est sec.
Ha, ben non. Faut pas laisser tomber. C’est sur, aux prochaines pluies. Bam. Tu y as droit.
– Mais on trouve pas. On a cherché.
– Cherche pas. c’est la capillarité.
– La quoi ?
– La capillarité. C’est simple.Tu as un tuyau quelque part. Ca goutte. tout doucement. Un filet. rien. Et l’eau, elle ressort. Vingt mètres plus loin. Sur le plafond de ton beau-frère. C’est terrible, la capillarité.
– Ha oui, je vois.
– Bon, ok. On revient au palmier ?
– Qu’il crève.
– A mort !
– Au bûcher !
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