Le jour de la couleur (ou découverte de Zao Wou-Ki)

Le 19 Mai, c’était Le Grand Retour à la Vie. Les terrasses, les apéros jusqu’à 21 heures, la réouverture des lieux culturels, les magasins ouverts. Chacun, chacune, pioche dans cette nouvelle liberté ce qui lui a le plus manqué. Pour ma part : l’art, in real life. Direction l’Hôtel de Caumont à Aix En Provence. Zao Wou-Ki fait l’ouverture, on nous promet de la lumière qui ne disparait jamais.

Passons sur les conditions exceptionnelles de la visite que permettent les règles sanitaires (la visite se fait dans le calme, 5 personnes dans chaque pièce, on se croirait presque sur une visite volée). Notre artiste, Zao Wou-Ki, né en 1920 à Pékin a eu le bon goût d’aimer l’Europe, la France, les montagnes et la lumière du Sud. L’exposition nous le répète en boucle, fait grand étalage de ses sources d’inspiration françaises (#cocorico). Mais un vieux document vidéo de l’INA nous rappelle à l’ordre. Selon l’artiste, figuratif, abstrait, écoles, il n’y a pas lieu d’étiqueter pour apprécier la peinture. « Il n’y a que des mauvaises ou des bonnes peintures, les bonnes sont celles qui nous touchent », dit-il avec une voix chaude et rauque.

Alors disons que Zao Wou-Ki a fait des bonnes et des mauvaises peintures, pour réutiliser ses critères. Ses premières œuvres me touchent peu. Il y joue à déconstruire le monde, l’architecture, la nature, il place un soleil, une lune, ici et là. Puis, il amasse la peinture, propose des aplats, laisse filer quelques éclats de lumières, crée des contrastes sur des sujets qui me laissent indifférentes (pardon pour les grands amateurs). Ce premier étage, me fait regretter presque d’avoir quitté mon petit village de pêcheurs pour la grande ville. Et puis, dans la dernière salle de ce premier étage, la rencontre. Hommage à José Luis Sert – 14.07.88. Une déferlante de bleus, de blancs, de toutes nuances. Une toile de 3 mètres de large qui donne envie de rester en contemplation toute la journée. L’homme sait raconter une histoire en couleurs, ou du moins peut-il me faire croire que je comprends cette peinture, son récit, ses rebondissements et ses contrastes. Je suis touchée.

Zao Wou-Ki s’est aussi attelé à déconstruire les standards de l’encre de Chine. Ses amusements étonnent. Je reste longtemps devant ses oeuvres, genre de tests de Rorschach en grande dimension. Je me raconte des choses devant ces tâches noires et grises (je ne raconterai que en présence de mon psy). Je m’étonne des nuances qu’il obtient en deux tons. J’apprécie. Après ces pensées en noir et blanc, je poursuis ma visite.

Dernière salle de l’exposition. Surnommée immédiatement “la salle des grands frissons”. La série « La Cavalière », fait exploser les couleurs. J’y retrouve des odeurs de printemps (celui que nous n’avons pas vu arriver et qui se termine bientôt), des brins d’herbe fous, des fleurs étranges et vibrantes. L’audace des coloristes qui savent allier un vert, un rose fuschia, et quelques gouttes de rouge a toujours suscité en moi une grande admiration, et ici, Zao Wou-Ki se pose en maitre des audaces. Je vous laisse découvrir.

Je repars de l’Hôtel des Arts de Caumont les yeux pétillants. J’ai l’espoir de faire durer la beauté de ce moment, jusqu’à la prochaine rencontre artistique.

Leave a Reply

Fill in your details below or click an icon to log in:

WordPress.com Logo

You are commenting using your WordPress.com account. Log Out /  Change )

Twitter picture

You are commenting using your Twitter account. Log Out /  Change )

Facebook photo

You are commenting using your Facebook account. Log Out /  Change )

Connecting to %s