Au cœur de Paris, ancré entre les Halles et la Tour Saint Jacques, le Centre Pompidou. Mon ticket glacé en main, je rejoins le niveau 4 par le tube-escalator pour entamer une visite du Musée d’Art Moderne, prête à en découdre avec les propositions artistiques de 1960 à nos jours. Matière, concept, gigantisme, l’art repensé, je suis prête. Sauf que … Les dessins de la donation Florence et Daniel Guerlain me détournent de mon but. Je reste prisonnière d’un labyrinthe de murs blancs, où le papier fait loi.
N’importe quel papier. Le blanc, le calque (brûlé ou pas), le sépia, caran d’ache, imprégné de cire. Toutes les façons d’y laisser des traces sont autorisées. Gouache, encre, fusain, aquarelle. Un papier, un dessin. Ce qui interpelle dans cette exposition, c’est la sensation, pour chacune des œuvres, de sentir la main de l’artiste, son intention. Les intentions. Car la multitude des artistes induit la multitude des propositions. Dessin esthétique, exploratoire, politisé, joueur, personnel, studieux. La richesse de cette collection est indéniable. Chacun y croisera au moins une œuvre qui caressera sa sensibilité, titillera ses questionnements. Pour ma part, voici les artistes qui m’ont fait aller, venir et revenir devant leurs œuvres.
Jean Luc Verna et ses poupées monstrueuses mise en scène avec du fusains sur papier sepia. Des monstres naïfs et retros.
Anne Lacouture et ses marionnettes. Ma série préférée : dix dessins à l’encre de chine. Tout commence par un visage. Ou plutôt, une chevelure bouclée dessinant un espace vide qui nous fait espérer un visage. La chevelure s’anime, des yeux apparaissent entre les mèches, des silhouettes sortent de l’ombre, montent des échelles, se multiplient, s’organisent, prennent le pouvoir… Pour finalement anéantir nos espoirs. Point de visage, jamais, juste une trainée sombre et inquiétante sur les deux derniers tableaux.
Fabien Merelle et ses portraits de SDF. Les couleurs froides, les corps posés, statiques, en partie neutre, invoquent une situation forte.
Ou encore, Sergey Anufriev et ses minuscules silhouettes d’encre, précisément posées sur une ligne de terre, une ligne de temps, un fil tendu sur de grandes feuilles blanches. Ou alors, Nancy Spero et sa mise en scène de silhouettes inquiétantes mêlées aux phrases de Artaud, dérangeantes. Stéphane Calais et ses estampes florales discontinues. Bien d’autres œuvres m’ont touchée : mais je ne peux que vous recommander d’aller déambuler dans cette exposition, et de rapporter les vôtres !
L’exposition :
Donation Florence et Daniel Guerlain, Centre Pompidou, Galerie du Musée et Galerie d’art graphique, niveau 4. Jusqu’en mars 2014. www.centrepompidou.fr
D’autres références :
Jean Luc Verna http://www.airdeparis.com/verna.htm
Anne Lacouture : http://www.annlacouture.com/
Billet sur Anne Lacouture et ses silhouettes : http://anneclaireplantey.wordpress.com/2013/12/15/anne-lacouture/
Billet sur l’œuvre de Fabien Merelle : http://www.boumbang.com/fabien-merelle/