Roméo & Juliette, sous les étoiles, by Preljocaj

romeo juliette preljocaj

La danse dans un théâtre à ciel ouvert, dans la nature, entre arbres et étoiles. N’est ce point la promesse d’un instant apaisant. Ce vendredi, à Châteauvallon, dans la commune d’Ollioules, on pouvait voir Roméo et Juliette, chorégraphié par Anjelin Preljocaj, interprété par 24 danseurs de sa troupe, sur une musique de Prokovief. Cette création a 20 ans, et reste un chef d’œuvre.

La nuit tombée, les premières notes s’élèvent dans l’amphithéâtre en plein air, et les émotions nous traversent. Le langage des corps, les messages subtils de la mise en scène, les danseurs, présents, chaque personnage incarné avec sincérité. Un flot d’humanité.

Le rire, d’abord. Avec les nourrices de Juliette, coincées et tendres à souhait.

La joie. Avec l’impertinence de la bande de Roméo. Bravaches, coureurs, insolents et courageux. Les hommes et les femmes jouent, profitent de chaque instant. la scène s’emplit de sautillement, de petits désordres et d’éclats de rire.

La violence. D’une milice qui tape, qui met à mort, composée de corps noirs et tranchants. A coup de matraque, avec minutie. Le pas ferme, et les bras coupants.

L’émerveillement. Roméo et Juliette. Seuls. Tendres. Leur sensualité mise en exergue, reproduite par des couples d’ombres blanches, mimétiques, en cage. Blancheur et tendresse.

Le désespoir. Roméo qui violente le corps de  Juliette pour ranimer ce corps aimé, au désir éteint et vide. La danse à deux qui ne se joue plus qu’à un. Puis, à son tour, Juliette porte Roméo inerte. Avec l’énergie du desespoir, elle jette son corps contre celui de son amant, pour le ranimer, puis roule à terre. La danse réussit sans mot, à nous briser. Les soubresauts qui nous font croire à la vie, puis le retour à la fadeur mortelle. Le rendez-vous des amours manquées. Les amants meurent, finalement, ensemble – on le savait.

Le public reste gorge serrée, applaudit à peine lorsque la nuit envahit la scène. Une minute pour se ressaisir. Lorsque les 24 danseurs et Anjelin Preljocaj gagnent le devant de la scène, le public est emporté. Longs applaudissements. Nos émotions, brutes et intactes, sous les étoiles.

Note : photographie de Jean Claude Carbonne.

 

 

 

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