A l’heure où tout le monde se rue sur les connaissances universelles, où ChatGPT nous questionne, nous titille, occupe nos dîners, où répondre à une question complexe sur notre société n’a jamais été aussi facile, je m’interroge. Embrasser d’un coup d’un seul, la connaissance du monde, n’est-ce point le Saint Graal pour tout scientifique, pour tout curieux sur terre (moi !). Et pourtant, reste une partie du monde inexplorée, dont les mécaniques ne sortiront jamais en 4 bullets point, ou à la manière d’un TikToker ou sur un slam bien senti : moi-même. Ou toi, qui me lis. Enfin. Peut-être, peut-on mieux connaître une partie statistique de soi-même.
Femme, de 51 ans, éduquée, diplômée, vivant dans une petite ville, à moitié marseillo-parisienne, égratignée par quelques traumas, suis-je statistiquement décrite quelque part ? En promptant comme il faut, en itérant, je pourrais me trouver, je pourrais te trouver. Il y a bien du savoir sur les humains qui a été digéré par les grands algorithmes. Les anthropologues, sociologues, psychologues ont versé du savoir dans les algorithmes d’open.ai. D’ailleurs, si je raconte ma vie à ChatGPT, et que je pose une question concernant mon profil psychologique, j’obtiens une réponse en 4 points : résilience, adaptation, ouverture d’esprit, curiosité intellectuelle. Je suis également sans doute empathique, forte, protectrice, et indépendante, complète ChatGPT.
Mon horoscope algorithmique. Okay. Merci. Je me reconnais statistiquement, je suis ces lignes, ces colonnes, ces probabilités, oui. Mais je suis sans doute bien plus que ça. Les chemins parcourus ont resculpté ce double statistique. J’ai une blessure au croisement de deux matrices, j’ai une hyper-sensibilité sur cette ligne, j’ai un chagrin sur cette colonne, je suis également amoureuse dans une autre, j’ai un division par zéro sur cette cellule, j’ai un grand vide dans cette diagonale. Merci ChatGPT de me permettre avec les connaissances extérieures du monde de me qualifier. Mais mon âme reste opaque et boîte noire. Elle reste une unique déclinaison statistique.
Alors. Pour éclaircir ce mystère. Je me frotte à mon humanité autant que possible, ou à celle des autres. Pour faire émerger ces petits détails de moi-même, retenus sous un couvercle de conscience. Je m’exprime, je fais ce va-et-viens entre mon âme, et les gens – ou le papier, lorsque j’écris. Je m’observe transformer une intention. Ce que je veux dire, comment le dire. Je me regarde déraper, je me prends la main dans le sac à éviter certains sujets, à être incohérente, à me jeter sur la facilité. Sans prompt ni réentrainement d’algorithme, j’explore, sans juger, les aspérités de ma propre personne, les écarts à la statistique, empilés dans les méandres de ma mémoire, nichés dans les arbres de mon passé.
J’écris aussi. Mettre en route son imaginaire, c’est sonder son âme puissance dix. Vouloir raconter une histoire, c’est s’ancrer dans sa propre histoire sincère, par des chemins détournés. Et si vous avez envie de vous observer jongler avec les mots et vos intentions, j’ai lancé des ateliers d’écriture. Ca s’appelle “Premiers Chapitres”. En petit groupe. Ensemble. On explore, on prompt nos imaginaires, on s’observe construire des phrases directement issus de nos âmes. Vous en êtes ?




