Une exposition Artistes & Robots ? Au Grand Palais.
Impossible de louper cette occasion mêlant deux de mes passions, technologie et art. Le Grand Palais nous régale d’une série d’installations des années 70 à nos jours, sur la créativité des artistes sur le thème ou le media de la mécanique, la programmation, des logiciels apprenant, et du mélange des genres. Chaque installation est à vivre, puisqu’il s’agit bien, pour nous humains, de nous placer devant des expériences inédites, et d’explorer ce qu’elles provoquent ou révèlent de nous. Quelques expériences étonnantes.
“Human Study #2 de Patrick Tresset
Trois robots studieux qui regardent et dessinent. Appliquer une mise en scène scolaire avec un pupitre, une gestuelle humaine (regarder, dessiner, regarder, dessiner) à une machine composée d’une caméra connectée à un bras mécanique. L’expérience nous donne l’impression d’observer de vrais écoliers. C’est troublant.
#ArtistesEtRobots au Grand Palais, aux frontières de la science fiction. Ici “Human Study #2, La Grande Vanité au corbeau et au renard” de Patrick Tresset. pic.twitter.com/c65EkpPXkf
— Mathilde Lubrano (@LubranoMathilde) 8 juillet 2018
Reflexão #2 de Raquel Kogan
Une chambre noire, la chambre de la matrice, avec des miroirs, réflexions infinies, des chiffres défilent. On y entre, en silence, les chiffres défilent toujours, sur nous, malgré nous. On peut y jouer des heures, à regarder ces colonnes, nous parcourir, imperturbables, ou presque, puisque notre présence y incruste des zones d’ombre.
Pissenlits de Michel Bret et Edmond Couchot.
Des pissenlits géants, flottent sur un écran. Ils réveillent notre envie de souffler. Heureusement Bret et Couchot ont pensé à tout. Un pupitre, un micro, une indication “soufflez”. Là, l’intensité du souffle du spectateur est capturée, et reproduite en temps réel sur ces pissenlits, qui se dénudent pour notre plus grand plaisir. Nul ne résiste. L’humain reprend le pouvoir sur l’image et sourit. En boucle.
Fleurs de @ChevalierMiguel
Ici, Miguel Chevalier propose de mettre en scène des fleurs géantes exotiques et inventées, et nous offre de les voir grandir, saluer, et disparaître. Cycle naturel virtuel. L’immensité d’une nature colorée, sous nos yeux, à portée de main. Hypnotique.
ORLANOIDE de Orlan
Le summum de la réflexion, et du clash humain-robot. La plasticienne française Orlan installe un robot à son image (du moins à son visage), doté de logiciel apprenant, et d’interface de communication avec le monde, de bras mobiles, bref, un robot humanoide. Orlan nous propose un dialogue entre elle, présente en vidéo enregistrée, et son double, présente au Grand Palais. Nous assistons à leur échange, les deux voix, l’une après l’autre, Orlan apprend à sa version robot à déclamer de la poésie, à intégrer le fait qu’elle n’aura jamais d’émotion puisque elle est un robot. Et, heureux hasard, au beau milieu de ce dialogue étonnant, débarque Orlan, la vraie, en chair et en os, microphone en main, qui explique son procédé, sa démarche artistique. Nous voici temporairement avec trois versions d’Orlan, plus ou moins incomplètes. Et une espèce de mise en abime qui donne le vertige. Une vision de nos futures vies parallèles et complexes, mêlant représentations réelles et logicielles ?
L’exposition est finie. Oui, en faire la promotion alors que vous ne pourrez pas allez voir ces merveilles, c’est moche. Mais l’intégralité de l’exposition est très bien expliquée ici [PDF], vous pouvez butiner dans la liste des artistes présentés ici, et je vous encourage à faire un tour sur ce qu’en ont dit les visiteurs, sur #ArtistesEtRobots.